| 12.05.2017
L'industrie pharmaceutique et les États sont invités à faire preuve de davantage de transparence dans leurs stratégies de fixation des prix des médicaments. C'est ce qui ressort du forum organisé jeudi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Amsterdam, à la veille de l'assemblée mondiale de la santé qui doit se tenir du 22 au 31 mai, et au cours de laquelle sera nommé le nouveau directeur général de l'OMS.
L'OMS critique l'approche qui consiste à estimer le prix d'un médicament en fonction de la valeur accordée aux années de vies gagnées. « Ce concept est valable pour l'industrie du luxe, mais pas dans le domaine du cancer où l'on n'a pas le choix mais de se faire traiter » explique le Dr Marie Paul Kieny, assistante du directeur général de l'OMS en charge des systèmes de santé et de l'innovation. Elle privilégie un modèle dans lequel les prix sont décidés en fonction des coûts de recherche et de production.
C'est là que le manque de transparence pose particulièrement problème : « Nous devons connaître les sommes réellement investies pour mettre au point une molécule, poursuit le Dr Kieny. Mais c'est un sujet compliqué car les achats de start-up sont par exemple souvent considérés comme des investissements de R & D. »
Un prix équitable n'est pas un prix bas
« Un prix équitable n'est pas nécessairement un prix bas, précise le Dr Kieny, et il faut qu'il y ait un retour sur investissement pour que les entreprises restent sur le marché. » Ceci étant dit, l'OMS regrette l'approche observée avec les nouveaux traitements de l'hépatite C et les nouvelles molécules contre le cancer, consistant à fixer les prix « en fonction de ce que peuvent se permettre les systèmes de santé ».
Parmi les moyens concrets à mettre en place, le Dr Kieny cite la constitution d'une plate-forme d'échange et d'une base de données à l'usage des décideurs de santé publique, recensant les prix des molécules déjà sur le marché dans tous les pays. « Les gouvernements doivent jouer un rôle plus important, résume le Dr Kieny, ils doivent échanger davantage sur la manière dont ils fixent les prix, et travailler ensemble pour mieux peser lors des négociations. »
Les pays sont également invités à investir davantage dans la recherche et le développement des nouveaux traitements répondant à leurs problématiques de santé, pour agir plus directement sur le coût qui sera demandé lors de leur commercialisation.
Questionnée sur les possibles réactions des laboratoires conviés, le Dr Suzanne Hill, directrice du département de l'OMS des médicaments essentiels et des politiques pharmaceutiques botte légèrement en touche : « Il va y avoir des discussions très serrées sur ce sujet, mais je pense que nous avons déjà commencé des échanges très constructifs. »
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