| 10.05.2017
L'Intersyndicat national des internes (ISNI) a transmis au nouveau président de la République un livre blanc comprenant 32 propositions visant à améliorer l'organisation du système de santé, la démographie médicale, ou la formation des médecins.
Dans ce document de dix pages rendu public à la veille du second tour de l'élection présidentielle, les internes accordent une place prépondérante à l'amélioration de leurs conditions de travail. « Une grande problématique a ressurgi : le suicide des internes, confie Olivier Le Pennetier, président de l'ISNI. Cinq internes se sont donné la mort depuis janvier 2017 dont deux ces deux dernières semaines. Nous devons trouver une solution. »
Même si les causes d’un suicide sont plurifactorielles, « les difficultés ne peuvent expliquer à elles seules le nombre toujours trop important d’internes qui se donnent la mort chaque année », affirme l'ISNI qui rappelle que les internes sont souvent confrontés aux cadences infernales, à la pression, au manque de suivi médical personnel…
Le syndicat exhorte à faire respecter la loi sur le repos de sécurité et le temps de travail hebdomadaire (48 heures par semaine). « L'application des dispositions réglementaires ne peut plus traîner, écrit l'ISNI. Le repos de sécurité après une garde a été rendu obligatoire il y a plus de 10 ans, aujourd'hui, il n'est toujours pas appliqué dans tous les services hospitaliers. » Les internes proposent aussi de rendre obligatoire la visite médicale auprès du médecin du travail pour tous les étudiants du 3e cycle afin que « les troubles psychosociaux soient dépistés et que les vaccinations des soignants soient mises à jour ». Par ailleurs, l'ISNI plaide pour la mise en place de groupes de parole réguliers dans les hôpitaux et demande que les internes soient informés des dispositifs d'accompagnement et de soutien mis en place en cas de souffrance psychique. « Les étudiants en médecine puis les internes sont soumis à une pression constante, explique l'ISNI. Il est important de leur rappeler qu'ils ont le droit de ne pas aller bien, qu'ils ont le droit de demander de l'aide. »
Plus de transparence dans l'accès aux postes
Sur le volet de la formation, les futurs médecins demandent à diversifier l'offre de stages en ambulatoire et dans les structures privées lors de l'internat et de l'externat pour désengorger les hôpitaux surchargés. Les internes réclament le report de l'application de la réforme controversée du 3e cycle des études médicales contre laquelle ils sont toujours officiellement en grève. Ils veulent un accompagnement précoce dans leur projet professionnel et une totale transparence sur l'accès au post-internat et les postes hospitaliers qui seront vacants à la fin de leur cursus. « Certains internes découvrent qu'ils n'auront pas de post-internat quelques mois avant la fin de leur internat, d'autres doivent "patienter" le temps que le poste se libère », précise l'ISNI. Pour se préparer à assumer certains postes à responsabilité, les jeunes préconisent l'instauration d'une formation au management en santé pour tous les étudiants, dès la deuxième année.
Dans leur livre blanc, les internes plébiscitent également la tarification des actes de télémédecine, le développement de l'e-santé mais aussi des consultations avancées.
Enfin, les futurs médecins appellent à renforcer la prévention qui tient une place essentielle dans le programme d'Emmanuel Macron. Ainsi, ils plaident pour une revalorisation financière des consultations d'éducation thérapeutique (notamment dans la prise en charge des maladies chroniques) et invitent à faire de la lutte contre le surpoids et l'obésité nationale une priorité nationale.
Enfin, et c'est un point commun avec le programme d'Emmanuel Macron, l'ISNI est favorable à la délivrance des médicaments à l'unité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire