Le constat dressé fin 2015 à Hospimedia par Gilles Moullec, directeur du CH Édouard-Toulouse à Marseille (Bouches-du-Rhône) brillait par son éloquence : sur son établissement, un patient en psychiatrie sur deux n'avait pas de chez lui. Source d'embolisation des hospitalisations complètes, la réalité des difficultés d'accès au logement et à des structures médico-sociales en aval a ainsi poussé à la création d'un groupement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) — la Coordination marseillaise en santé mentale et habitat. Objectif, pour sa coordinatrice, Laure Plais-Richard : articuler et coordonner les plans, programmes, mesures et autres dispositifs existants dans le champ sanitaire, social et médico-social, pour répondre à un enjeu de santé publique jusque-là trop souvent laissé de côté.
Vincent Girard, psychiatre et auteur d'un rapport sur la question, le rappelait en effet : "La juxtaposition des dispositifs sans articulations entre les structures rend le système peu opérationnel pour un usager sans chez soi et/ou sans aidants familiaux et/ou amicaux. Alors se pose invariablement aux intervenants sociaux ou médicaux le problème de l'accompagnement [pour les patients de psychiatrie, comme pour] les publics relevant du handicap ou du grand âge". Proche du pôle médico-technique santé société voulu par le psychiatre, le GCSMS entend ainsi travailler la coopération mais également le travail de compréhension avec les métiers du sanitaire et du médico-social comme la question du maintien et de l'accès au logement (1). Une vocation stratégique comme opérationnelle donc, précise Laure Plais-Richard, qui ne s'interdit pas, par ailleurs, de réfléchir à de nouveaux modèles. "Il faudra voir comment les financer, car l'autre problème, c'est qu'il existe beaucoup de choses, mais qui ne sont bien souvent pas pérennes."
Réunie pour la première fois le 7 juillet dernier après l'approbation de sa convention constitutive, l'assemblée générale du groupement et ses onze membres (2) ont pour ce faire désigné Dominique Testard, représentant du CH Édouard-Toulouse, en tant qu'administrateur. La méthodologie de projet et le plan d'action seront quant à eux connus pour la fin d'année, vraisemblablement dans la droite ligne du travail engagé en 2014 entre le CH, l'association pour les malades bipolaires Argos 2001, l'association Habitat alternatif social (HAS) et la ville de Marseille.
(1) Le groupement dispose à ce titre d'un budget de fonctionnement de 85 000 euros (€) déployé dans le cadre du plan Ayrault.
(2) Sont membres : l'Association pour le logement des travailleurs (Alotra), l'association pour les malades bipolaires Argos 2001, l'association régionale AR HLM Paca-Corse, l'association Isatis (Intégration, soutien, accompagnement au travail, insertion sociale des personnes souffrant de troubles psychiques), le CH Édouard-Toulouse, le groupement de coopération sociale (GCS) Galilé, l'association Habitat alternatif social, Medaf 13, l'association Pact 13, l'association Sauvegarde 13, et la ville de Marseille. Sont associées depuis l'assemblée générale constitutive, l'Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), l'Union professionnelle du logement accompagné Unafo et l'Union sociale pour l'Habitat-USH afin d'élargir la coopération.
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