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lundi 11 juillet 2016

Schizophrénie : les psychotropes ont des effets variables sur la mortalité

04/07/2016

Malgré leur grand apport en psychiatrie, les traitements psychotropes peuvent présenter des effets indésirables, parfois d’ordre létal et se manifestant « après une exposition chronique et à long terme. » Afin de comparer l’incidence sur la  mortalité des schizophrènes  de « l’exposition cumulée » aux traitements psychotropes (neuroleptiques, antidépresseurs et anxiolytiques, résumés dans cette enquête aux seules benzodiazépines), par rapport à l’absence de traitement psychotrope, des chercheurs du célèbre Karolinska Institutet de Stockholm (Suède) où sont décernés les Prix Nobel de physiologie ou médecine et de Kuopio et Helsinki (Finlande) ont réalisé une étude prospective évaluant la mortalité des schizophrènes âgés de 16 à 65 ans en Suède, entre 2006 et 2010 (environ 21 000 sujets).

Mortalité réduite avec les neuroleptiques et antidépresseurs mais augmentée avec les benzodiazépines

Par rapport aux sujets non exposés à ces médicaments, les rapports de cotes ajustés (adjusted hazard ratios -HR-) montrent que l’administration de doses « modérées » ou «élevées » de neuroleptiques est associée à une « mortalité réduite » : HR = 0,59 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,49–0,70 ) pour des doses « modérées » et HR = 0,75 ; IC 0,63–0,89) pour des doses « élevées » de neuroleptiques. Cette baisse « substantielle» de la mortalité s’observe aussi avec une « exposition modérée » (HR = 0,85 ; IC 0,73–0,98) et avec une « exposition élevée » (HR = 0,71 ; IC : 0,59–0,86) aux antidépresseurs. Mais à l’inverse, une exposition aux benzodiazépines montre une relation de type « dose-réponse » avec la mortalité : HR = 1,74 ; IC 1,50–2,03.
Cette étude montre ainsi qu’un recours « modéré ou important » aux traitements neuroleptiques et antidépresseurs est associé à une « diminution de 15 % à 40 % » de la mortalité globale (toutes causes confondues), comparativement aux sujets non traités par ces médicaments, alors qu’un usage « chronique et à posologie élevée » des benzodiazépines est au contraire associé à une « augmentation allant jusqu’à plus de 70 % » de la mortalité des schizophrènes. Pour ne pas majorer le risque de mortalité chez ces patients, ces produits ne doivent donc être utilisés qu’à bon escient, à des posologies et pour des durées minimales.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCES
Tiihonen J et coll.: Mortality and cumulative exposure to antipsychotics, antidepressants, and benzodiazepines in patients with schizophrenia: An observational follow-up study. Am J Psychiatry, 2016; 173: 600–606.

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