On sait que les suites d’un accouchement sont associées à un risque accru de troubles psychiatriques. Ce constat classique est précisé par une étude prospective, réalisée au Danemark, et visant à comparer les taux de mortalité (toutes causes réunies) chez des femmes avec une problématique psychiatrique sévère, initiée dans le post-partum, aux taux de mortalité constatés dans la population (féminine) générale, et pour d’autres catégories de femmes (notamment celles sans enfant).
La cohorte concernée comprend près de 1,6 millions de femmes, nées avant le 1er janvier 1960 et suivies après leur 15ème anniversaire (ou depuis le 1er janvier 1970), jusqu’à leur date de décès, celle où elles ont émigré du Danemark, ou jusqu’au 31 décembre 2011, soit pendant 42 ans au maximum ou jusqu’à leur 62ème anniversaire.
Risque de suicide très élevé pendant la première année
Portant ainsi sur plus de 68 millions de femmes-années, ce suivi permet de recenser 2 699 décès chez des femmes ayant connu un premier épisode de troubles psychiatriques au cours du premier trimestre suivant un accouchement. Parmi ces femmes, 96 (soit 3,56 %) sont décédées durant le suivi.
Cette étude confirme que les troubles psychiatriques du post-partum constituent un facteur de risque de mortalité. En effet, les rapports de cotes montrent une amplification des taux de mortalité chez les mères avec troubles psychiatriques du post-partum (Odds ratio [OR] =3,74 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] : 3,06–4,57), comparativement aux mères chez lesquelles les troubles mentaux n’ont pas débuté lors du post-partum (OR=2,73 ; IC : 2,67–2,79), et par rapport aux mères sans antécédent psychiatrique.
Mais paradoxalement, les femmes sans enfant mais avec une pathologie mentale ont le taux le plus élevé de mortalité (OR=6,15 ; IC : 5,94–6,38). Les décès de « cause non naturelle » représentent 40,6 % de la mortalité chez les femmes avec antécédent psychiatrique dans le post-partum et, durant la première année après le diagnostic, le risque de suicide se révèle « spectaculairement augmenté » : OR=289,42 ; IC 144,02–581,62. Représentant ainsi une période à risque suicidaire élevé, cette première année exige donc une surveillance particulièrement étroite dans ce groupe très vulnérable.
Dr Alain Cohen
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