Publié le 12/12/2023
Dr Alain Cohen
Si les personnes atteintes de maladies mentales graves (par ex. schizophrénie, troubles schizo-affectifs, troubles bipolaires) connaissent une espérance de vie fortement réduite, les relations entre la COVID-19 et le risque de décès chez ces malades demeurent encore imprécises.
Une étude de cohorte menée au Royaume-Uni a analysé, chez les patients souffrant d’une lourde affection psychiatrique et, parallèlement, d’une infection par COVID-19 : (i) le risque de décès, (ii) si la mortalité toutes causes confondues se trouve affectée par la multimorbidité ou (iii) par l’origine ethnique. Utilisant des données de soins primaires émanant de la Clinical Practice Research Database[1] et recueillies entre février 2020 et avril 2021, cette étude de cohorte rétrospective s’appuie sur un modèle de régression de Cox à risques proportionnels[2] pour évaluer l’incidence d’une grave maladie mentale sur la mortalité durant les deux premières vagues de la pandémie récente de Covid-19.
Davantage de comorbidités
On observe ainsi une prévalence plus élevée de la multimorbidité chez les patients atteints d’affection psychiatrique lourde recensés dans cette étude (7 146 sujets, dont 56 % de femmes), comparativement à un groupe témoin sans diagnostic psychiatrique mais ayant contracté la COVID-19 (n=653 024) : HTA, diabète, maladie rénale, asthme, BPCO, usage de substances, dépression.
Suite à une infection COVID-19, le groupe avec une grave maladie mentale a connu un risque de décès plus élevé que les sujets-témoins (rapport de risque ajusté=1,53 ; IC=95 % [1,39-1,68]). Cette étude révèle également un risque de mortalité plus important chez les Noirs originaires d’Afrique ou des Caraïbes que chez les Blancs (rapport de risque ajusté=1,22 ; IC=95 % [1,12-1,34]), et dans des proportions « similaires » pour les deux groupes (avec ou sans diagnostic psychiatrique).
Rappelant que d’une façon générale, les personnes vivant avec une grave maladie mentale connaissent une forte réduction de leur espérance de vie (pouvant atteindre parfois 15 à 20 ans) par rapport à la moyenne de la population générale, les auteurs constatent ici que, suite à l’infection COVID-19, les patients atteints d’une lourde affection psychiatrique courent effectivement « un risque de mortalité plus élevé, accru par une multimorbidité », et encore amplifié pour les sujets d’origine africaine ou afro-américaine.
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