par Apolline Le Romanser publié le 28 décembre 2023
Parmi les changements à prévoir pour cette nouvelle année, certains se nichent dans les comptoirs des officines. Les pharmaciens vont, dès janvier pour certains, voir leurs missions s’étendre un peu plus. L’objectif est toujours le même : fluidifier l’accès aux soins pour les maux quotidiens, compliqué en particulier dans les déserts médicaux où obtenir une consultation devient parfois un véritable parcours du combattant.
Dès janvier, 110 pharmacies d’Occitanie, de Centre-Val-de-Loire et de Corse seront autorisées à prendre en charge six pathologies quotidiennes : plaies simples, piqûres de tiques, brûlures du premier degré, maux de gorge, conjonctivites et cystites (infections urinaires). Concrètement, les personnes suspectant être touchées par l’un de ces six maux pourront se présenter sans rendez-vous dans les pharmacies agréées : elles y seront accueillies par leur pharmacien ou pharmacienne qui, après entretien, leur conseillera un médicament (hors prescription médicale obligatoire), l’orientera chez un médecin ou vers les urgences.
Il s’agit d’une extension de l’expérimentation testée par plus de 70 pharmaciens bretons depuis septembre 2021, baptisée Osys (Orientation dans le système de soins). Elle vise surtout à pallier le manque de médecins sur ces territoires et apporter des réponses aux patients «dans les situations où l’accès à un médecin généraliste est difficile», précise Pharma Système Qualité, association initiatrice du dispositif. L’objectif est aussi de «diminuer les recours inappropriés aux urgences» et de «libérer du temps médical».
Antibiotiques sans ordonnance
C’est avec les mêmes objectifs que, dans les mois à venir, des antibiotiques devraient pouvoir être délivrés sans ordonnance en cas d’angine ou de cystite. Cette fois dans l’ensemble des pharmacies françaises. Le principe est aussi semblable : si vous suspectez une de ces deux pathologies, vous pourrez vous rendre en pharmacie. Le pharmacien posera une série de questions et, selon les réponses, vous fera passer un test dit «d’orientation du diagnostic» (Trod) : s’il est positif, il pourra délivrer l’antibiotique adéquat. «La thérapeutique de ces pathologies est bien connue, et ces tests ne sont pas des examens cliniques, donc réalisables par les pharmaciens. L’idée est de faciliter l’accès aux médicaments, beaucoup de patients se plaignaient de difficultés», commente Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. Depuis 2021, seuls les pharmaciens exerçant dans des structures de santé où un médecin accepte de leur déléguer cette tâche peuvent prescrire des antibiotiques après des Trod.
Cette nouvelle mission des pharmaciens est prévue dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2024, publiée au Journal officiel le 27 décembre. En revanche, sa mise en place reste «soumise à un certain nombre de textes réglementaires : la prise en charge doit être protocolisée, les pharmaciens doivent être formés, précise Philippe Besset. Nous devons aussi fixer le tarif dans le cadre des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie.» Quoi qu’il en soit, l’exécutif entend aller vite et «veut que tout soit en place avant février», poursuit le syndicaliste.
«Il va falloir recruter pour tout assurer, convient-il. Les négociations sont en cours avec l’assurance maladie sur les moyens à mettre en œuvre pour pouvoir faire face.» Et pour cause : l’extension allonge encore un peu plus les missions des pharmaciens. Le dernier gros changement en date est la possibilité, depuis septembre, d’administrer les vaccins obligatoires sans ordonnance – laquelle a déjà entraîné un afflux de demandes dans les officines. Ces nouveaux changements actent surtout la profonde transformation du métier. «A cause de la raréfaction de l’offre médicale, les gens viennent de plus en plus en pharmacie pour demander des soins. On ne voyait jamais ça il y a vingt ans, pointe le pharmacien. Le but est de répondre à cette demande grandissante.»
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