Publié le 15/12/2023
Dr Alain Cohen
Dans un contexte où la consommation de cannabis est relativement répandue et concerne également le milieu des jeunes adultes, y compris parmi les étudiants âgés de 18 à 25 ans, une étude réalisée au Canada explore l’association épidémiologique entre l’utilisation du cannabis et le développement de symptômes psychotiques, en évaluant notamment le rôle intermédiaire des troubles anxieux dans cette association.
Cette médiation par l’anxiété est présumée dans la mesure où ces phénomènes anxieux se révèlent prévalents chez les jeunes adultes, concernant 23 % d’entre eux au Canada, particulièrement chez les étudiants, et s’avèrent indépendamment associés tant à l’utilisation du cannabis qu’à une symptomatologie d’allure psychotique.
Une enquête auprès de 1200 étudiants canadiens
Pour cette enquête transversale, les auteurs ont recueilli auprès de 1266 étudiants inscrits en premier cycle dans cinq universités canadiennes (âge médian 19,13 ans, femmes 67,1 %) des données auto-déclarées et des « mesures validées » de la fréquence d’utilisation du cannabis, des troubles anxieux (Echelle GAD-7) et des expériences de type psychotique* (questionnaire PLEQ).
Parmi eux, la moitié (50,6 %) a déclaré avoir consommé du cannabis au cours de sa vie et 6,5 % ont déclaré une utilisation quotidienne. Ils ont été 49,6 % et 27,9 % à déclarer une anxiété modérée ou sévère, respectivement, au cours des 3 derniers mois. Les ¾ de cette population avait expérimenté des expériences de type psychotique au cours des 3 derniers mois.
L’analyse des données soutient l’hypothèse d’une médiation par l’anxiété entre l’utilisation du cannabis et des expériences de type psychotique (p < 0,001), mais sans incidence du sexe biologique sur cette médiation (mediation did not depend on biological sex), malgré les différences connues entre les sexes concernant l’utilisation du cannabis.
Les auteurs concluent que la symptomatologie anxieuse constitue effectivement un médiateur de l’association entre l’utilisation du cannabis et des expériences de type psychotique, sans lien apparent avec le sexe du sujet. Et formulant l’hypothèse d’une « réplication » des résultats de cette enquête transversale dans une recherche prospective, ils précisent que les troubles anxieux pourraient ainsi représenter une importante cible d’intervention potentielle chez les jeunes utilisateurs de cannabis, pour tenter de réduire l’incidence délétère de cette substance sur le développement ou sur l’aggravation des symptômes d’allure psychotique.
*expériences de type psychotiques : symptômes d’hallucinations et de délires subcliniques, n’entravant pas le fonctionnement global, fréquentes chez les enfants et sujets jeunes, plus fréquents que les troubles psychotiques, généralement transitoires, mais qui peuvent augmenter le risque de troubles psychotiques, appartenant alors au continuum de psychose.
RÉFÉRENCE
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