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samedi 23 décembre 2023

Sérotonine Plus qu’une hormone pourvoyeuse de bien-être

Publié le 27 novembre 2023

Sérotonine Plus qu’une hormone pourvoyeuse de bien-être

Son rôle dans le cerveau est le plus connu, lui valant le surnom d’hormone du bonheur. À tort, car les 95 % de la sérotonine sont produits dans l’intestin.

De nos jours, la sérotonine est souvent associée aux troubles mentaux comme la dépression ou l’anxiété. C’est pourtant dans l’intestin qu’elle a d’abord été découverte, en 1946, puis dans le sang deux ans plus tard. Son effet vasoconstricteur lui a donné son nom. Son rôle de neurotransmetteur a été identifié plus tardivement, et l’essentiel de la recherche s’est concentré sur le cerveau, un organe plus « noble ». Ce qu’on ignore souvent, c’est qu’il existe deux circuits distincts de production et de circulation de la sérotonine. 


Dans le système nerveux central, qui comprend le cerveau, elle affecte notre comportement (humeur, colère, agressivité, réponse au stress), mais pas uniquement. Elle est aussi impliquée dans la régulation de l’appétit, de la sexualité, de la température corporelle, et même du sommeil ! Comme la sérotonine ne passe pas la barrière hémato-­encéphalique qui isole le cerveau du reste de l’organisme, ce circuit fonctionne indépendamment de celui qui inclut le reste du corps (dit périphérique). Cette découverte date de 2003 : des chercheurs ont constaté que les souris modifiées pour ne pas produire de sérotonine périphérique ne présentaient pas de troubles du comportement.


Importante pour la digestion


Le principal lieu de production de la sérotonine, ce sont les intestins. C’est là qu’elle est synthétisée à partir du tryptophane, un acide aminé essentiel, présent dans les protéines, par des cellules gastro-intestinales (entérochromaffines). Et elle joue un rôle important dans la digestion, notamment en permettant la progression des aliments dans le tube gastro-intestinal et en régulant cette mobilité intestinale. 


Dans ce système complexe, la sérotonine assure un équilibre délicat. Ceci explique d’ailleurs les troubles digestifs qui surviennent souvent lors de la prise d’antidépresseurs ISRS (citalopram/Seropram, fluoxétine/Prozac…). « Ce sont des anti­dépresseurs qui inhibent la recapture de la sérotonine au niveau du cerveau, mais ils agissent aussi en périphérie », souligne la chercheuse Francine Côté. Autre exemple, dans certains syndromes carcinoïdes, les tumeurs entraînent un excès de sérotonine en circulation dans le sang, provoquant des diarrhées sévères. Celles-ci peuvent être calmées par un médicament (télotristat/Xermelo) qui réduit la production de cette hormone. La sérotonine a aussi été identifiée comme participant à des maladies plus courantes, telles que les maladies inflammatoires intestinales (Mici) ou les troubles de l’intestin irritable.


Le rôle de la sérotonine périphérique est aussi essentiel aux fonctions cardio­vasculaires. Elle est impliquée dans un grand nombre de mécanismes : pression artérielle, vaso­constriction, agrégation plaquettaire, fonction­nement du cœur, etc. Son importance est capitale, indique la Dr Côté : « Chez des souris ne produisant pas de sérotonine périphérique, on a observé des pathologies cardiaques qui s’apparentent, chez l’humain, à une cardiomyopathie dilatée. »


Des microsystèmes en plus


Outre les intestins, il existe des microsystèmes de production de sérotonine, qui peuvent répondre à une demande ponctuelle. C’est, par exemple, le cas du sein pendant la lactation. Elle est aussi synthétisée au niveau osseux où elle intervient dans le processus de destruction et fabrication des os. Elle est même soupçonnée d’être impliquée dans l’apparition du diabète. Les cellules bêta du pancréas fabriquent de l’insuline, mais aussi de la sérotonine, qui participerait à moduler la libération d’insuline. Chez des souris manquant de l’enzyme nécessaire à sa fabrication, des symptômes de diabète ont été observés. De même, les antidépresseurs ISRS sont associés à un risque de diabète chez les enfants et adolescents traités.


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