par LIBERATION et AFP
publié le 28 octobre 2021 à 13h07
En France, la contribution budgétaire nette des personnes nées à l’étranger est de 1,02% du PIB, donc légèrement excédentaire, contre une moyenne de 1,56% sur l’ensemble des pays. «Ce qui focalise le débat public, notamment en France, c’est le coût que peut représenter l’immigration en termes de dépenses sociales, de santé, etc. On montre que cette question ne devrait pas nous obséder, car quand on fait le compte, on observe que la contribution est positive jusqu’à la prise en compte des dépenses militaires et de la dette publique», analyse pour l’AFP Jean-Christophe Dumont, chef de la division Migrations de l’OCDE.
«Population active»
«L’impact budgétaire des immigrés est faible», résume Ana Damas de Matos, auteure de l’étude, première sur le sujet depuis 2013. Ces données «reflètent l’histoire migratoire de chaque pays», estime l’économiste : «Dans les pays où il y a eu beaucoup d’immigration récente et jeune, on aura une contribution plus positive, comme en Italie ou en Espagne. Et vice-versa. La France, elle, est dans une situation intermédiaire», avec une population immigrée plus vieillissante.
Il y a «un quiproquo entre la situation individuelle des immigrés et l’impact de l’ensemble de leur population», estime Lionel Ragot, professeur d’économie à l’université Paris-Nanterre, qui avait lui-même étudié l’impact budgétaire de l’immigration en France entre 1979 et 2011. «Individuellement, ils sont plus au chômage, perçoivent plus d’allocations, c’est vrai. C’est le raccourci qui est souvent mis en avant pour dire qu’ils coûtent très cher à la France. Sauf que ce résultat individuel est compensé par une structure d’âge, avec des immigrés qui sont souvent dans la population active et qui donc cotisent beaucoup», abonde-t-il. Dans ses travaux passés pour le Cepii (Centre d’études prospectives et d’informations internationales), Lionel Ragot avait lui aussi estimé cet impact migratoire entre -0,5% et +0,5% du PIB, soit «quasi nul».
Aujourd’hui, selon l’OCDE, les dépenses publiques consacrées aux immigrés sont plus faibles que pour le reste de la population dans les domaines tels que les pensions de vieillesse et de réversion, la maladie, l’invalidité, l’éducation, la santé. Elles sont à l’inverse plus fortes concernant la famille, le chômage, l’exclusion sociale et le logement.
D’ailleurs, le rapport détaille que «les gains les plus importants en matière de contribution budgétaire […] ont été relevés dans des pays qui ont attiré d’importants flux de migrants de travail, en particulier des migrants hautement qualifiés». «La contribution est positive, mais ça pourrait être beaucoup plus positif», affirme Jean-Christophe Dumont. «La politique d’intégration, ce n’est pas une dépense, il faut voir ça comme un investissement. Avec un retour sur investissement.»
Effondrement inédit du flux
Dans ce même rapport, l’OCDE pointe un effondrement inédit, d’au moins 30%, des flux migratoires les Etats membres en 2020. La pandémie a également «mis fin à dix années d’amélioration» pour les immigrés sur le marché du travail, selon l’organisation internationale. Avec 3,7 millions de personnes qui ont rejoint les 25 pays pris en compte pour l’étude, l’immigration a atteint l’an dernier le plus bas niveau enregistré depuis 2003.
Les Etats-Unis, qui restent le premier pays d’immigration de l’OCDE, ont enregistré une baisse de 44% comparée à 2019, avec 576 000 nouveaux arrivants en 2020. Parmi les cinq principaux pays de destination de l’OCDE, la France, elle, a enregistré la baisse la moins marquée (-21%), avec 230 000 «nouveaux immigrés», selon l’OCDE.
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