par LIBERATION et AFP. publié le 21 octobre 2021
«Un pas intermédiaire très important»
Robert Montgomery, directeur de l’Institut de transplantation de cet hôpital, a reconnu que ces résultats étaient «limités», notamment à cause de la courte période d’expérimentation. «Ce qu’il se serait passé après trois semaines, trois mois, trois ans, cela reste une question, a-t-il admis. Mais c’est néanmoins un pas intermédiaire très important, qui nous indique qu’a priori, au moins au départ, les choses se passeront bien.» Selon lui, des essais cliniques plus larges pourraient débuter d’ici «un an ou deux».
Les scientifiques se sont heurtés à une difficulté : l’organisme humain contient des anticorps qui s’attaquent à un type de sucre présent normalement «sur toutes les cellules des porcs», ce qui provoque «un rejet immédiat» de l’organe, a détaillé Robert Montgomery. Mais l’animal a cette fois été génétiquement modifié pour ne plus produire ce sucre et il n’y a pas eu «de rejet rapide du rein» constaté.
Au cœur de la «xénotransplantation»
Si le succès se confirme pour d’autres patients, les porcs pourraient bien un jour être élevés dans le but de fournir des organes aux humains qui en ont besoin : reins, poumons, mais aussi cœurs. En France, plus de 700 personnes sont mortes en 2019 sur les 26 000 en attente d’un organe, selon les données compilées par le collectif Greffes +, qui regroupe neuf associations de patients et de familles.
«Je pense que les gens, en particulier ceux qui sont dans l’attente […], verront cela comme un miracle potentiel», s’est réjoui le professeur, qui a lui-même bénéficié d’une transplantation du cœur il y a presque trois ans. D’autres experts ont accueilli la nouvelle avec prudence, préférant attendre les résultats détaillés de l’étude dans une revue scientifique (ce qui est prévu le mois prochain).
Côté défense de la cause animale, ça tique. L’association People for the Ethical Treatment of Animals (Peta), rejette fermement cette alternative potentielle aux greffes d’organes traditionnelles. «Les porcs ne sont pas des pièces de rechange et ne devraient jamais être utilisés comme tels simplement parce que les humains sont trop égocentriques pour donner leur corps à des patients désespérés pour des greffes d’organes», a fustigé l’association animaliste.
La «xénotransplantation», greffe d’un animal à l’homme, n’est pas nouvelle. Les médecins ont tenté des greffes entre espèces depuis au moins le XVIIe siècle, les premières expériences se concentrant sur les primates. En 1984, un cœur de babouin avait été transplanté sur un bébé mais la petite, surnommée «Baby Fae», n’avait survécu que vingt jours. Les valves cardiaques des porcs étaient déjà très utilisées chez les humains et leur peau peut aussi bénéficier aux greffes sur de grands brûlés.
Mise à jour : actualisé ce jeudi 21 octobre à 15 h 52 avec la réaction de l’association animaliste Peta.
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