par Marlène Thomas publié le 22 octobre 2021
On croit rêver. Trois semaines après la mise en cause d’un gynécologue parisien de renom, poursuivi par plusieurs patientes pour viols, violences physiques, psychologiques et verbales, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a publié jeudi une «Charte de la consultation en gynécologie ou en obstétrique».
On y lit que l’examen clinique «n’est pas systématique», doit être «précédé d’une explication» et de «l’accord oral de la femme». S’ajoutent à ce consentement ô combien central un rappel au respect, à la nécessité de l’écoute et du dialogue, ainsi que des informations sur l’intérêt de ces consultations et de ce qu’elles peuvent receler, de la palpation des seins au toucher vaginal ou rectal. Ce qui devrait être une évidence semble devoir encore être martelé, inlassablement, jusqu’au sein des cabinets de consultation. Un écho au serment d’Hippocrate, fondement de la profession : le médecin est censé ne jamais tromper la confiance de ses patients, préserver leur santé et respecter leur autonomie tout autant que leur volonté.
Gravité des enjeux
Les praticiens sont encouragés à adhérer à cette charte de bonne conduite signée par cinq autres sociétés savantes, mais surtout à l’afficher dans tous les lieux d’attente pour que «chaque femme en prenne connaissance avant la consultation».
Erreur de destinataire ? Car c’est une nouvelle fois aux femmes que revient la responsabilité de faire valoir le respect de leur intégrité corporelle, comme c’est aux femmes à qui l’on demande d’éviter de prendre le métro trop tard, à elles que l’on demande de fuir le domicile, elles encore que l’on enjoint à prendre soin d’elles en post-partum alors que leur corps et leur santé mentale sont en vrac.
Ne serait-il pas enfin temps de renverser le regard et de s’adresser directement aux professionnels, assis par un rapport de pouvoir par essence asymétrique face aux patientes ? La diffusion d’une charte dans les salles d’attente, réponse déjà limitée face à la gravité des enjeux, questionne. Les patientes seraient donc les garantes du traitement qui leur est réservé ?
Si l’effort de pédagogie n’est jamais inutile, la priorité serait plutôt d’afficher ces bonnes pratiques là où elles ont leur place : devant les yeux de ceux censés les appliquer. Sur le bureau du médecin, peut-être ? Sur une manche de sa blouse en guise d’antisèche ? On finira nous aussi par une évidence : ce n’est pas aux femmes de s’assurer de ne pas être violentées, violées, c’est aux praticiens d’arrêter d’abuser de leur position d’autorité.
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