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vendredi 1 octobre 2021

Emmanuel Macron annonce le remboursement de consultations de psychologue sur prescription médicale

Le Monde avec AFP  Publié le 28 septembre 2021

Le remboursement, à hauteur de 30 à 40 euros, concernera tous les Français dès l’âge de 3 ans, a annoncé le chef de l’Etat, mardi, en clôture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie.

Emmanuel Macron, à la convention nationale sur la santé mentale et la psychiatrie, à Paris, le 28 septembre 2021.

En clôture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, mardi 28 septembre, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé plusieurs mesures, dont le remboursement de consultations de psychologue et la création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques.

« La pandémie a révélé l’importance du sujet de la santé mentale », a déclaré le chef de l’Etat en clôture de ces Assises de la santé mentale, reconnaissant que « pendant longtemps, les moyens mis n’ont pas été à la hauteur ».

Selon les derniers résultats de l’enquête CoviPrev publiés le 17 septembre, 15 % des Français montrent des signes d’un état dépressif (+ 5 points par rapport à la situation hors épidémie), 23 % des signes d’un état anxieux (+ 10 points) et 10 % ont eu des pensées suicidaires au cours de l’année (+ 5 points). L’isolement, les angoisses, les violences intrafamiliales dans l’intimité des confinements ont été les détonateurs de nouvelles souffrances.

« Un mépris profond de notre profession »

Pour répondre à la forte demande de soins, l’Assurance-maladie remboursera donc dès l’an prochain des consultations de psychologues libéraux « pour toute la population à partir de l’âge de 3 ans ». Cette prise en charge se fera toutefois sous conditions : les patients devront être « adressés par prescription médicale dans le cadre d’un forfait de consultation », la première séance étant facturée 40 euros et les suivantes 30 euros chacune, le tout renouvelable l’année suivante si besoin.

Quant aux « psychologues qui veulent pratiquer hors de ces parcours de soin », ils pourront « continuer à le faire », a assuré le président. Avec cette prise en charge, Emmanuel Macron a dit accéder à « une demande historique », en concédant que « toute la profession des psychologues n’était pas totalement ravie », y voyant « une forme de paradoxe ».

« C’est absolument scandaleux ce qu’on vient d’entendre, ça marque un mépris profond de notre profession et de la population », s’est de fait insurgé Patrick-Ange Raoult, secrétaire général du Syndicat national des psychologues (SNP), vent debout notamment contre le passage obligatoire par un généraliste pour bénéficier de ce forfait.

« Les psychologues veulent défendre leur indépendance vis-à-vis de la médecine », a aussi expliqué Laurent Laporte, de la CGT, lors d’un rassemblement devant le ministère de la santé, organisé peu avant les annonces présidentielles. « On voudrait être associés, on ne l’est pas, ils décident de tout sans nous, avec des médecins », a abondé Christine Manuel, du SNP.

80 millions d’euros « dédiés à la santé mentale »

Toujours dans l’optique d’améliorer l’accès aux soins, 800 postes seront créés dans les centres médico-psychologiques « à partir de l’année prochaine » pour « réduire au maximum les délais d’attente », a également annoncé M. Macron. « Dans les territoires qui sont le plus en tension », ces délais d’attente sont actuellement « supérieurs à dix-huit mois, pendant lesquels évidemment la santé des personnes souffrantes se dégrade », a relevé le chef de l’Etat.

S’y ajouteront la création de 20 équipes mobiles pour la prise en charge des personnes âgées en Ehpad et dans les structures médico-sociales, la mise en place d’une maison des adolescents dans chaque département et de 100 places en accueil familial thérapeutique sur deux ans.

Un autre effort budgétaire sera fait en matière de recherche, avec une enveloppe de 80 millions d’euros « dédiée à la santé mentale »dans le cadre du quatrième programme d’investissements d’avenir. Les innovations engendrées, notamment en neurosciences, en intelligence artificielle ou dans les dispositifs médicaux, permettront, selon le chef de l’Etat, « des améliorations du soin au quotidien et une transformation de nos pratiques ».

Le reproche d’une orientation sanitaire

Dans un communiqué, la Fédération hospitalière de France s’est globalement réjouie des annonces d’Emmanuel Macron, y voyant la confirmation d’une réforme « indispensable pour mettre fin au sous-financement historique » de la psychiatrie publique.

En ouverture des Assises, lundi, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait annoncé que le nouveau numéro national de prévention du suicide entrerait en fonctionnement vendredi. Mardi matin, le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, a, lui, promis l’instauration, début 2022, d’un repérage systématique de la dépression post-partum, qui toucherait entre 15 et 30 % des mères.

Succession de tables rondes et de conférences avec des acteurs du secteur, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie devaient apporter des réponses concrètes aux maux psychiques des Français et à la détresse de ceux qui les soignent. Annoncées par Emmanuel Macron le 14 janvier, d’abord prévues en juillet, elles se sont finalement tenues ces 27 et 28 septembre, en visioconférence.

Beaucoup d’acteurs, notamment associatifs, ont regretté une orientation surtout sanitaire et l’absence de débats des acteurs de l’accompagnement social et médico-social. Le Collectif Schizophrénies – qui regroupe des patients, des familles et les principales associations concernées par cette maladie – a aussi déploré la surreprésentation des psychiatres dans ces Assises, tandis que la participation des usagers et des proches reste limitée.


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