· ·
La psychiatrie publique est démantelée un peu plus chaque année. La politique de secteur et les soins de proximité ne sont plus d’actualité. L’heure est plus que jamais aux protocoles, aux tests et aux diagnostics sans lendemain. Il est pourtant des lieux qui résistent. Charlie s’est rendu au centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) d’Asnières- sur-Seine (92), une unité du centre hospitalier spécialisé Roger-Prévot. Patients et soignants nous ont raconté comment ils soutiennent le pari de la parole et de la rencontre, dans l’esprit de la psychothérapie institutionnelle.
« Ici, les patients forment les soignants. » C’est par ces mots que le groupe qui nous a accueillis au CATTP a commencé à nous expliquer l’originalité du lieu. Dans un secteur de psychiatrie, il y a l’unité d’hospitalisation, et puis il y a les unités extrahospitalières, comme le centre médico-psychologique (CMP), l’hôpital de jour et le centre d’accueil à temps partiel (CATTP), pour assurer la suite des soins, dans une logique de proximité du lieu d’habitation du patient. Cette organisation est remise en question par une logique comptable et une conception mécaniste et datée des symptômes et de la folie.
Mathieu Bellahsen, qui dirige le pôle incluant le CATTP d’Asnières-sur-Seine, s’est formé à la psychiatrie dans la mouvance de la psychothérapie institutionnelle, avec l’idée qu’il faut prendre soin de l’institution avant de prétendre soigner un patient. C’est François Tosquelles qui, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, avait lancé cette nouvelle manière d’accueillir la folie, en bouleversant le fonctionnement de l’hôpital de Saint-Alban-sur-Limagnole, en Lozère. Tosquelles était parti de la révolution freudienne : le patient en sait plus que le thérapeute sur son symptôme ou son délire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire