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mardi 7 juillet 2020

Troubles anxieux généralisés, Kava pas terrible

Publié le 26/06/2020


Alors que les troubles anxieux (notamment le « trouble anxieux généralisé », generalised anxiety disorder) représentent l’un des problèmes principaux dans le domaine des affections psychiatriques, une équipe d’Australie rappelle que les traitements actuels demeurent d’une efficacité modérée, parfois insuffisante pour conduire à des rémissions. Il semble en effet qu’un tiers des sujets concernés ne répondent pas au traitement (pharmacologique) de première intention, et que la moitié des patients ne répondent pas non plus au traitement de seconde intention. De toute évidence, estiment les psychiatres australiens, il est nécessaire de développer d’autres options thérapeutiques contre ces troubles fréquents, invalidants, et pouvant résister aux médicaments classiques.

Parmi ces pistes de traitements alternatifs, notons la possibilité de « faire du neuf avec du vieux », c’est-à-dire de recourir à des traitements traditionnels dans certaines cultures pour enrichir la pharmacopée mondiale du futur. Dans cette perspective, un « bon candidat » a priori semble être le Kava (Piper methysticum)[1], une plante médicinale consommée (avec des usages « culturels et récréatifs ») dans certaines îles du Pacifique (Fidji, Samoa, Vanuatu...) et, plus récemment, dans des « bars à Kava » (populaires parfois aux États-Unis) où cette plante est censée avoir une vertu « calmante. »

Moins bien que le placebo

Les auteurs ont réalisé une étude contrôlée (extrait de racine de Kava versus placebo, sous forme de comprimés, et normalisé à 120 mg de kavalactones deux fois par jour) chez 171 participants avec trouble anxieux généralisé. À l’exception d’un « fléchissement de la mémoire » (Kava = 36 versus placebo = 23 ; p = 0,044) et de tremblements (Kava = 36 versus placebo = 23 ; p = 0,024) plus souvent constatés dans le groupe Kava, et de certaines anomalies des tests hépatiques significativement plus fréquentes dans le groupe Kava, sans lésion hépatique induite, la bonne tolérance du kava a été vérifiée. Mais au terme de la phase contrôlée, seulement 17,4 % des patients du groupe Kava sont considérés comme améliorés (selon l’échelle d’anxiété d’Hamilton), comparativement à 23,8 % de ceux du groupe placebo (p = 0,46).

En d’autres termes, même si d’autres travaux présentent le kava comme un possible produit anxiolytique à court terme, pour traiter une anxiété plutôt réactionnelle, cette étude récente ne plaide pas pour le proposer comme un nouveau traitement efficace du trouble d’anxiété généralisé.


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Sarris J et coll.: Kava for generalised anxiety disorder: A 16-week double-blind, randomised, placebo-controlled study. Aust N Z J Psychiatry 2020; 54(2): 288–297.
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