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samedi 11 juillet 2020

Le secret médical victime collatérale de la Covid-19 ?





Paris, le samedi 11 juillet 2020 – C’est à la fois un impératif et une gageure : les avis de tempête imposent une vigilance particulière vis-à-vis des plus vulnérables. Cette évidence concerne tout autant les êtres que les principes. Or, parmi les règles qui régissent non pas seulement nos sociétés démocratiques, mais également nos rapports sociaux, plusieurs peuvent être facilement exposées aux vents mauvais. Parmi elles, le secret médical fait souvent figure de colosse aux pieds d’argile.

Coupable idéal

S’il est si souvent menacé d’être assoupli, c’est qu’il est une cible facile. Il n’est ainsi pas nécessaire d’être un spécialiste de déontologie pour mesurer les limites de ce devoir.  « Le fait de garder un secret donne toujours au détenteur de la vérité un pouvoir sur l’autre. De ce point de vue, cacher la vérité est en général nuisible à autrui », rappelle de façon didactique Michela Marzano dans son Que-Sais-je consacré à L’éthique appliquée, cité sur le blog de la revue Dalloz par le professeur de droit privé Bruno Py (faculté de Nancy). Découlant de cette association schématique et trompeuse avec le pouvoir, et un pouvoir d’autant plus machiavélique qu’il est dissimulé, le secret médical sert d’épouvantail à ceux qui se sont fort de vouloir déconstruire les hiérarchies et les influences invisibles. « Le secret professionnel est souvent accusé de tous les maux et il y a toujours un "esprit brillant" pour proposer de l’alléger. Cela permet un succès d’audience, (…) facilement adopté par l’opinion publique tant cela est "intuitif"», résume sur son blog Laurent Puech animateur du blog Secret Pro.fr dédié aux professionnels du travail social et médico-social.

Trahison sémantique

La fragilité du secret médical serait par ailleurs sous-tendue par l’ambiguïté des mots. Ainsi, le terme même de "secret médical" auquel devrait être préféré celui de "secret professionnel" autorise en effet plus facilement les dérives. D’abord, parce cette ambiguïté suppose qu’il concerne exclusivement les médecins, alors qu’il s’agit en réalité d’un devoir qui s’impose à un grand nombre de professionnels. De plus, « Utiliser la formule de "secret médical" est une erreur dangereuse si l'on imagine qu'elle recouvre uniquement un secret portant sur des informations de nature médicale. Le médecin étant tenu de conserver secrètes toutes les informations intimes qu'il acquiert à titre professionnel, un bon nombre de données portera sur des éléments non-médicaux (filiation, émotion, sexualité, patrimoine, etc...) » rappelle Bruno Py dans son ouvrage Le secret professionnel, La justice au quotidien, cité par Laurent Puech.

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