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vendredi 10 juillet 2020

"Réveiller l’émancipation individuelle et collective chez l’infirmier psychiatrique"

07.07.20

"Comprendre d’où l’on vient pour savoir où l’on va" ou comment les savoirs historiques de sa profession pourraient réveiller l’émancipation individuelle et collective chez l’infirmier psychiatrique… Rappels historiques pour nourrir la réflexion et poursuivre la dynamique...

savoirs esprit
"L’histoire de la profession démontre comment nous restons entravés dans notre passé ancillaire et religieux entre servitude et la trop fameuse "vocation". A nous de nous insérer dans les moindres interstices pour chercher à s’émanciper à nouveau."

Une petite centaine d’heures. Voilà ce qu’il reste aujourd’hui dans le programme de formation initiale de l’enseignement théorique psychiatrique auprès des infirmiers. Un paradoxe remarquable au regard du contexte de la santé mentale sur le territoire. En effet, les troubles psychiques et les pathologies mentales affectent un individu sur cinq en France. Sur le plan épidémiologique, ils occupent, en termes de prévalence, la troisième place juste derrière les maladies cardiovasculaires et les cancers.
Aujourd’hui, dans le dispositif de soin actuel tourné vers l’ambulatoire, les infirmiers représentent des acteurs majeurs et la pénurie exponentielle de psychiatres majore encore l’importance de leur rôle et de leur fonction. Problème de taille, à contrecourant des besoins croissants de connaissances, depuis la fusion des diplômes "DE" et "ISP" (infirmier de secteur psychiatrique) en 1992, l’accès aux savoirs propres à la spécialité se heurte à des entraves quantitatives et qualitatives. Un retour dans le passé s’avère riche d’enseignements car il témoigne d’un phénomène de récursivité historique inquiétant contre lequel la formation professionnelle constitue un dernier rempart.
Aujourd’hui, dans le dispositif de soin actuel tourné vers l’ambulatoire, les infirmiers représentent des acteurs majeurs et la pénurie exponentielle de psychiatres majore encore l’importance de leur rôle et de leur fonction.

Retour vers le passé

L’histoire de la profession d’infirmier psychiatrique nous montre le long chemin emprunté par nos aïeuls pour accéder aux connaissances. Dès l’Antiquité, les médecins et les prêtres s’entourent d’auxiliaires. Préparations purgatives, contention physique, service dans les rituels sacrés... ces assistants occupent un statut de domestique sous les directives des "sachants". Le passage au Moyen-Âge voit l’émergence du dogme catholique où la folie serait une punition divine, les savoirs hippocratiques disparaissent d’Occident et se réfugient au Moyen-Orient. A Bagdad, Damas, Fez, dans les bîmâristân, des "infirmiers" sont chargés de chanter, narrer, prendre soin des internés. Loin des soins novateurs arabes, en Europe, le sort des fols est peu enviable. Le devoir de charité chrétienne donne naissance, malgré tout, aux premiers "hôpitaux" et les sœurs prennent en charge les "fols" exclus des cités. Les prêtres catholiques, à l’image de Jean Cleudat, vont également s’investir dans l’assistance de ceux que l’on nommera plus tard, les aliénés. Cette tranche d’histoire exprime un premier élément de l’ADN infirmier occidental : un passé ancillaire  au service d’une autorité terrestre et/ou divine.

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