Adeline Hazan en 2015. Photo Bruno Charoy
La Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté achèvera son mandat le 16 juillet. Ce vendredi, la magistrate a dressé le bilan de ses six années à défendre les droits fondamentaux.
«On rame à contre-courant», pose Adeline Hazan, la Contrôleuse des lieux de privation de liberté, lors de son discours d’adieu à la fonction, ce vendredi. Et note que l’opinion publique tend désormais vers «une moindre considération des libertés fondamentales et une demande de sécurité de plus en plus forte». Après Jacques Toubon, qui quitte ses fonctions de Défenseur des droits, c’est une autre vigie affirmée des droits fondamentaux qui s’efface après six ans d’un mandat bien rempli.
Adeline Hazan dit avoir «exercé sa mission avec beaucoup de fierté». Et concède quelques «frustrations». Avec cinquante autres contrôleurs, elle a labouré les prisons, les locaux de garde à vue, les établissements hébergeant des patients atteints de troubles mentaux, les centres de rétention administrative ou encore les centres éducatifs fermés. En six ans, ce sont pas moins de 900 établissements qui ont été contrôlés. Une immersion tout sauf réjouissante, qui trahit un net recul des «droits fondamentaux, perçus maintenant par certains comme un supplément d’âme qu’on ne peut plus se permettre.» Son mandat a été marqué par une hausse de la surpopulation carcérale (d’environ 66 000 détenus en janvier 2015 à 71 000 en 2020) et un durcissement généralisé des mesures de sécurité à la suite des attentats terroristes. «La crise sanitaire a forcé une régulation carcérale que je propose depuis six ans», a-t-elle regretté, avec amertume.
Focus sur les établissements de santé mentale
Outre la prison, la Contrôleuse générale a tenu à axer son mandat sur les établissements de santé mentale. «Nous les avons tous visités sauf un, à cause de la crise.» Soit 164 établissements. Longtemps en déficit de légitimité dans ce domaine, les contrôleurs ont su s’imposer comme des partenaires apportant «un regard extérieur qui a permis aux médecins de questionner leurs pratiques», se félicite Adeline Hazan. Elle estime que les atteintes aux droits dans ces établissements étaient trop peu connues et médiatisées. «Même les ministres découvrent parfois des choses dans nos rapports», glisse la magistrate de carrière.
L’institution a notamment épinglé, pendant le confinement, l’hôpital psychiatrique de Moisselles (Val-d’Oise). Alertés par un médecin, les agents du CGLPL ont constaté que les malades, jugés incapables de respecter les gestes barrières, étaient enfermés dans leurs chambres, en dehors de tout cadre légal. Des problématiques dont devra se saisir le successeur d’Adeline Hazan, qui sera nommé par décret du président de la République après avis de la commission compétente de chaque assemblée.
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