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vendredi 17 juillet 2020

Le rattachement de la Miviludes au ministère de l’Intérieur inquiète des acteurs de santé

PAR 
AMANDINE LE BLANC -  
PUBLIÉ LE 18/07/2020

Depuis octobre dernier, on savait que la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) devait disparaître dans sa configuration actuelle pour être rattachée au ministère de l’Intérieur. C’est désormais officiel, d’après un décret présenté mercredi en Conseil des ministres, la Miviludes, auparavant directement sous la tutelle du Premier ministre, sera à présent placée sous l’autorité du Secrétaire général du comité interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR).

Créée en 2002, depuis deux ans la mission avait été un peu laissée à l’abandon, elle continuait d’exister mais n’avait plus de président depuis octobre 2018 et le départ du Dr Serge Blisko, généraliste de formation. Son rapport d’activité annuel n’était plus non plus publié depuis mars 2018.
Ce rapprochement avec le ministère de l’Intérieur « s'appuie sur la nécessité de renforcer le partage de compétences entre la Miviludes et le SG-CIPDR sur les questions d'emprise mentale et de lutte contre les nouvelles formes de radicalité », explique le décret. Cela « améliorera le service rendu au public, renforcera la coordination sur le terrain, et apportera une plus grande efficacité dans le soutien apporté aux associations spécialisées et à la recherche dans ces domaines », est-il ajouté.

Un coup d'arrêt à la lutte contre les dérives thérapeutiques ? 
Mais cette nouvelle organisation n’est pas vue d’un bon œil particulièrement par les acteurs de santé. En effet, le dernier rapport de la Miviludes montrait que les dérives sectaires dans le domaine de santé représentent la plus grande partie des signalements reçus. Entre 2010 et 2017 la proportion des dérives sectaires liées à la santé est passée de 20 % à 46 % des quelque 2 500 signalements chaque année. Pendant la crise sanitaire notamment, la Miviludes s’était inquiétée de « discours dangereux émanant de charlatans prodiguant de faux remèdes et des conseils dangereux» liés au coronavirus et avait expliqué avoir reçu « une trentaine de signalements » à ce sujet.
Le rapprochement avec le ministère de l’Intérieur fait craindre une perte de compétences précieuses sur la question des dérives thérapeutiques et un recentrage sur les questions de radicalisation, alors que selon Georges Fenech, ancien président de la mission, la lutte contre les dérives « n’a pas de lien direct avec la radicalisation ».


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