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lundi 20 juillet 2020

Peaux Noires, Masques Blancs


LA  DIAGONALE  DE  L’ART

 
Certaines expositions bouleversantes​, entraînent vers de nouveaux lieux​. Ce sont des rencontres qui marquent,​ transforment et ​«​ Peaux noires, masques blancs ​» est de celles-ci.​ La première exposition personnelle de Roméo Mivekannin​, ​à la Galerie Eric Dupont à Paris jusqu’au 31 juillet, est à ne pas manquer.
Il y a des rencontres bouleversantes, qui marquent, et l’exposition Peaux noires, masques blancs est de celles-ci. Les oeuvres magistrales de Romeo Mivekannin profitent du puit de lumière et de l’espace qu’offre la galerie Eric Dupont. Ce titre fait référence au livre éponyme paru en 1952 de Frantz Fanon, psychiatre martiniquais, auteur et figure de l’anticolonialisme. Ce livre souvent présenté comme une charge violente, renferme l’idée de la possibilité d’un vivre-ensemble, d’un universalisme et d’un humanisme autres. Fanon s’intéresse notamment aux blessures et aux stigmates psychologiques de la colonisation. « Peau noire, masques blancs » évoque donc les violences du colonialisme, l’aliénation, l’humiliation, l’exploitation et la marchandisation, et dit le désir profond comme la nécessité de la désaliénation des noirs, ou encore l’importance de la lutte anticoloniale.
Choix pertinent que ce titre pour une oeuvre plastique qui pose un regard neuf sur ces questions, les réactualise.
Roméo Mivekannin - vue d’exposition, juin 2020 © galerie Eric Dupont, Paris
Dès la première oeuvre, à l’entrée de la galerie, l’émotion et la puissance du propos comme de l’image s’emparent du regardeur. Un homme de dos, assis sur un siège le corps marqué, dont jaillit du sang. Bien que de dos, il nous regarde, sans l’expression de souffrance que l’on pourrait s’attendre à voir. Non, les yeux, l’expression du visage, la pose nous disent autre chose.

Il s’agit d’un esclave qui s’est fait fouetter. La photo de ses cicatrices a été prise à Baton Rouge dans le Mississippi le 2 avril 1863. Roméo Mivekannin nous dit-il que la blessure n’a jamais vraiment cicatrisée, ou s’est-elle rouverte ? Un héritage lourd auquel il faut pourtant se confronter.

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