Les antipsychotiques sont largement utilisés chez le sujet âgé pour contrôler des symptômes neuropsychiatriques qui deviennent préoccupants autant pour l’intéressé que pour son entourage. Cette tendance concerne les patients ambulatoires et ceux qui sont admis dans les lieux de long séjour. Certaines études ont pu suggérer que l’exposition à ces médicaments était associée à une augmentation du risque de mort subite. Une étude de cohorte rétrospective a évalué plus précisément ce risque (en y incluant les arrêts cardiorespiratoires récupérés) chez des patients adultes hospitalisés.
Risque accru de décès ou d’arrêt cardiorespiratoire notamment après 65 ans
Pour mener cette étude rétrospective, une équipe Américaine a collecté les données d’hospitalisation de 2010 à 2016 d’un centre Hospitalo-Universitaire implanté à Boston (USA). Les critères d’exclusion de l’étude étaient les hospitalisations conduisant d’emblée dans les unités de soins intensifs, les services de gynécologie-obstétrique ou encore ceux de psychiatrie. De plus, tout diagnostic de trouble psychotique a exclu de l’étude les patients concernés. Au total, ce sont 150 948 hospitalisations qui ont été analysées parmi lesquelles ont été dénombrés 515 décès et 176 arrêts cardiorespiratoires, soit au total 691 évènements jugés majeurs. Une analyse multivariée a intégré les facteurs de confusion potentiels suivants : comorbidités, durée d’un éventuel passage en unité de soins intensifs, type d’admission, données démographiques et exposition à d’autres médicaments que les antipsychotiques.
De l’analyse de données ressort que les antipsychotiques les plus anciens, dits typiques, ont été associés à une augmentation significative du risque de décès ou d’arrêt cardiorespiratoire (Hazard Ratio [HR] 1,6 ; IC 95 % [IC] = 1,1-2,4; p = 0,02) mais cette association n’a pas été démontrée pour les antipsychotiques atypiques. Une analyse centrée sur les plus de 65 ans a conduit à des résultats quelque peu différents au moins pour les antipsychotiques atypiques puisqu’avec ces derniers le HR est passé à 1,4 (IC 95 %, 1,1-2,0), versus 1,8 (IC 95 %, 1,1-2,0) avec les antipsychotiques typiques. Les analyses de sensibilité basée sur les scores de propension n’ont rien changé, tout autant que celles réalisées exclusivement chez les patients atteints d’un syndrome confusionnel.
Cette étude rétrospective a ses limites intrinsèques et tous les facteurs de confusion potentiels n’ont certainement pas été pris en compte dans l’analyse multivariée. Elle n’en suggère pas moins, à l’instar d’autres études, que la prescription d’antipsychotiques chez les patients hospitalisés n’est pas anodine, notamment après 65 ans. Le rapport bénéfice/risque doit être soigneusement pesé avant de recourir à ces médicaments qui semblent augmenter le risque de décès ou d’arrêt cardiorespiratoire de manière inexpliquée dans l’état actuel des connaissances.
Dr Giovanni Alzato
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