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mardi 21 juillet 2020

La vague psychiatrique déjà rude ne sera pas en cloche !

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Nicole Delépine   Publié le 21/07/2020

TRIBUNE : « On redoute un effondrement du système »
Après le Covid-19, la crainte d’une « vague psychiatrique » !  Les psychiatres ont mis en garde dès le début du confinement sur les effets pervers de l’enfermement chez les personnes fragiles et même chez de nombreuses autres personnes a priori équilibrées mais qui décompenseront. Curieusement, s’il l’on compte chaque jour les quelques patients malades du covid ou supposés tels, les vrais et faux positifs et surtout les consultants pour « angoisse de covid » qui constitue le nouvel indice de « vague », un silence de mort pèse sur le versant psychiatrique de cette crise majeure.
Certains collègues séduits par la lumière médiatique, obsédés de la guerre des masques et de l’invisibilité du traitement efficace Raoult, ne semblent pas craindre l’afflux de malades dans les hôpitaux psychiatriques de suicides et de personnes déstabilisées qui s’accumulent avant même de consulter. Le déni de la fréquence et de la gravité des complications psychiatriques créées par le confinement est général dans les médias. Pourtant la perte de liberté de penser, de parler, de se toucher ne fait qu’engendrer un mal-être profond général dont on peut craindre les pires conséquences à l’avenir proche et même lointain.
La situation tendue et invivable avant ces évènements devient insupportable pour le secteur de soins en psychiatrie, en hospitalisation ou ambulatoire, pour les adultes et encore plus pour les enfants. N’oublions pas les manifestations qui ont duré plusieurs mois dans certains hôpitaux psychiatriques pour obtenir parfois quelques postes.[1]

L’état de la psychiatrie avant le Covid19
La situation était déjà profondément altérée. Comme dans le reste du monde hospitalier et encore plus semble-t-il, la révolte des personnels soignants se faisait de plus audible même si leurs cris d’alerte restaient ignorés des responsables politiques, malgré les manifestations et grèves qui se succédaient depuis 2018.   
« La parole, qui devrait être le premier outil de soin à l'hôpital psychiatrique, se défait », résume « Pinel en lutte ». « On nous demande de plus en plus de paperasse, de chiffres qui n'ont pas de sens », explique à l'AFP l'une de ses membres, la psychologue Isabelle Basset. « On ne soigne pas un schizophrène comme on soigne une jambe cassée, ce n'est pas quantifiable », ajoute-t-elle, bien décidée à manifester malgré l'obtention de 30 postes supplémentaires dans son établissement, au terme d'une grève qui aura duré sept mois.
« On veut suffisamment de personnels pour pouvoir écouter les patients et éviter des situations dramatiques où l'on se retrouve contraints de les enfermer, de les contentionner»,
Ajoute O. Cayard, infirmière au GHU Paris psychiatrie. » [2]
Fermeture à gogo depuis plus de 20 ans, les premiers SROSS[3] et les ordonnances Juppé de 1996
Notons que la diminution générale des lits hospitaliers en 20 ans a particulièrement touché la psychiatrie : fermeture de nombreux de lits de psychiatrie générale à l'hôpital, atteignant 60% entre 1976 et 2016 selon l'IGAS. Comme toujours l'augmentation des moyens en ville, où les centres médico-psychologiques sont saturés n’ont pas suivi.  Les psychiatres ont fui l'hôpital public, où 30% des postes de titulaires sont vacants.
 « Ça craque de partout. À Amiens, l'hôpital Pinel a connu plusieurs mois de crise ; au Rouvray (Seine-Maritime), le personnel a obtenu l'ouverture de postes après une longue lutte, mais peine à recruter ; à Saint-Étienne, les médecins démissionnent les uns après les autres ; à Paris, les syndicats de trois hôpitaux psychiatriques, dont l'emblématique Sainte-Anne, se sont mobilisés contre les conséquences de la fusion de leurs établissements. Partout, les professionnels de la santé mentale «sont épuisés ».[4]

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