En donnant la plume, successivement, à des psychiatres aux opinions opposées sur la validité nosographique du concept de trouble bipolaire de type II, The Canadian Journal of Psychiatry ouvre le débat sur la pertinence de ce diagnostic : traduit-il ou non un concept valable ? Hostiles à ce diagnostic, Gin S. Malhi & coll. estiment qu’il représentait une réponse « compréhensible et pragmatique aux problèmes cliniques », quand il fut introduit dans la nosographie « officielle » (DSM-III, en 1980, puis DSM-IV, en 1994), mais ils jugent sa persistance actuelle « déconcertante. »
L’introduction du trouble bipolaire de type II a surtout permis de reconnaître que la maladie bipolaire, l’ancienne psychose maniaco-dépressive ou cyclothymie, constituait en fait « une affection hétérogène », et cela a incité à « examiner plus attentivement les diverses formes cliniques de la bipolarité. » Mais il est temps pour la psychiatrie, estiment ces auteurs, « d’explorer de nouvelles idées. »
Peut-être une forme clinique, comme au « bon vieux temps » de la psychose maniaco dépressive…
En continuant à regarder le trouble bipolaire de type II comme un diagnostic sérieux, nous aurions contribué à « réifier son statut comme entité nosographique, malgré le manque de preuves pour confirmer qu’il s’agit bien d’un syndrome distinct. » Il ne faut donc pas hésiter à remettre en question sa validité incertaine, « plutôt que de s’en tenir à un diagnostic inexact, par crainte des changements » en découlant. Ils proposent donc « l’abandon du trouble bipolaire I et du trouble bipolaire II comme catégories de diagnostic différentes », au profit d’une « approche dimensionnelle, pragmatique, et fondée sur des preuves », avec la refondation d’une « entité unique » (single disorder entity) où le versant maniaque serait intégré comme une forme clinique. Un peu comme au temps de la défunte la psychose maniaco-dépressive ?... Mais un autre contributeur à ce débat, un psychiatre de Boston (États-Unis) refuse cette contestation du statut du trouble bipolaire de type II : « Malhi & coll. soutiennent qu’aucun facteur biologique ne sépare le trouble bipolaire I du trouble bipolaire II », mais cet argument méconnaît précisément « notre ignorance à propos du trouble bipolaire : nous ne connaissons pas sa physiopathologie fondamentale. » Aussi comment peut-on affirmer que « l’absence de facteurs biologiques » différenciant les deux types (I et II) de trouble bipolaire « soit un problème de légitimité du bipolaire II, en tant que diagnostic distinct ? »
Dr Alain Cohen
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