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Fer de lance de la contestation, le diabétologue André Grimaldi ne croit plus à une réforme plusieurs fois repoussée.
Le professeur André Grimaldi, ancien chef de service de diabétologie à l’hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, est à l’origine de l’appel des 1 000 praticiens hospitaliers pour un nouvel hôpital.
Il est d’ordinaire sûr de lui, mais là, le professeur Grimaldi s’avoue désemparé. Il ne sait plus trop quoi penser, un brin perdu devant ce paysage qu’il juge désespérant. «Il flotte comme un air de cynisme et d’indifférence. On dit à la direction de l’hôpital que tel chef de service s’en va dans le privé, elle ne vous répond même plus. La direction des Hôpitaux de Paris vient de préparer un dossier sur l’avenir de l’AP-HP. C’est indigeste», tranche-t-il. Lui qui, depuis dix ans, tente de secouer le monde hospitalier, lui qui est toujours en guerre contre «cette stupide T2A[la tarification à l’activité, mise en place à partir de 2004 dans le cadre du plan Hôpital 2007, ndlr], cette encore plus stupide politique qui a voulu faire de l’hôpital une entreprise», est presque tenté de baisser les bras.
Son constat : «Le pouvoir des gestionnaires l’a emporté sur celui des soignants. Le business plan est passé devant le projet médical. La T2A s’est imposée non pas comme une technique adaptée à certains actes (la pose d’un pacemaker, une séance de dialyse…) mais comme un outil politique permettant de transformer l’hôpital en entreprise concurrentielle. Il ne fallait plus répondre à des besoins médicaux, mais gagner des parts de marché. Un contresens total.»
Résultat, une déprime généralisée. «Il n’y a même pas d’échéance. Agnès Buzyn ? Elle nous reçoit, on la voit, elle dit nous comprendre, mais il ne se passe rien. On nous a dit que la grande réforme de l’hôpital serait en mai, puis en juin, puis en juillet. On n’y croit plus. Et en dépit de nos courriers, de nos pétitions, de notre demande de voir le Premier ministre à Matignon, rien.»
Récemment, André Grimaldi a été séduit par ce mouvement de protestation silencieuse suivi par les infirmières lyonnaises qui consistait à mettre sur leur blouse une simple étiquette : «Je devrais être en grève». Mais même cela ne prend pas. Plus rien ne prend. «Avec l’été, il peut y avoir une grosse difficulté. Mais non, chacun se terre, sans plus rien espérer.»
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