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vendredi 4 mai 2018

Vers une Intelligence Artificielle sexuellement active ?




Paris, le samedi 5 mai 2018 – L’intelligence artificielle (IA) est le centre d’attentions croissantes. Beaucoup sont convaincus que cette nouvelle ère informatique et technologique contribuera à améliorer la qualité des soins et l’accompagnement des patients. D’autres cependant s’interrogent sur les conséquences de cet envahissement de l’intelligence artificielle dans nos vies, notamment en ce qui concerne les rapports humains. Ainsi, des réflexions commencent-elles à émerger sur les émotions des robots et sur leurs droits. Les liens entre intelligence artificielle et sexualité sont au cœur de ce type de questionnements, comme l’illustre cette tribune de notre confrère psychiatre Alain Cohen.
Par le Dr Alain Cohen, psychiatre
« I’m a Barbie girl, in a Barbie world
Life in plastic, it’s fantastic. » (Aqua, 1997)

« Mattel a attaqué en justice le groupe, l’accusant d’avoir violé la marque de fabrique de Barbie, terni sa réputation et transformée en objet sexuel. Aqua répondit que Mattel avait imputé sa propre interprétation aux paroles de la chanson, et que MCA Records ne laisserait pas leur single à succès se faire censurer. Ironie de l’histoire, Mattel utilise depuis 2009 la rythmique de Barbie Girl pour ses publicités télé. » (Wikipédia)
Il y a longtemps que les récits de science-fiction nous ont habitués à une humanisation des robots, par exemple à des compétitions sportives se déroulant entre équipes de robots humanoïdes, ou à des rapports sexuels entre un être humain et un partenaire-robot anthropomorphe ou gynoïde, version élaborée des "poupées gonflables" et autres "sex-toys". 

Vers un proxénétisme « high-tech » ?

On peut revoir ainsi Vice (2015), le film de Brian A Miller (avec Bruce Willis et Ambyr Childers) où une femme artificielle devient consciente d’elle-même et tente d’échapper à celui qui l’exploite à des fins mercantiles auprès de clients payant pour assouvir tous leurs fantasmes avec ces êtres humanoïdes. Ce type de scénario rappelle celui du film Mondwest de Michael Crichton (1973), le futur auteur de Jurassic Park (qui s’adonnait à l’écriture de techno-thrillers et autres œuvres de science-fiction pour financer ses études de médecine) et à sa suite, le film de Richard T. Heffron, Les Rescapés du futur (1976). Mais avec la polémique actuelle [1] sur l’assimilation d’un établissement parisien à une « maison close nouvelle génération », la réalité serait-elle en train de rattraper la fiction ?
Rappel des faits : le groupe Communiste-Front de gauche au Conseil de Paris demande la fermeture d’une « maison close de poupées sexuelles » où, contre l’achat de ce service, le client peut louer du « temps de poupée X » pour se livrer aux plaisirs charnels avec celles que leurs détracteurs appellent des « prostituées de silicone ». Paradoxe : en assimilant ainsi le propriétaire des lieux à un proxénète et en brandissant à ce propos la fameuse loi Marthe Richard [2], ces élus ont surtout l’intention de défendre, bien sûr, les "vraies" femmes pouvant souffrir de toute comparaison avec lesdites poupées X. Mais à trop vouloir défendre ainsi l’image de la femme, cette stratégie risque de susciter un insidieux retour de manivelle : suggérer que la poupée X est « presque femme » (puisqu’on veut faire interdire son "exploitation" par l’application d’une loi protégeant à l’origine les vraies femmes), c’est laisser entendre, réciproquement, que la femme (biologique) rappelle aussi cette femme-artefact (au sens "fait de l’art") sexuel, associant (dès à présent ou dans un avenir proche) silicone, microprocesseurs, nanomoteurs et IA (intelligence artificielle).
En écho à Louis Aragon et à Jean Ferrat, la célèbre street-artiste Miss. Tic [2] affirme que « l’homme est le passé de la femme ».  Cette éventualité de pseudo « proxénétisme high-tech » présage-t-elle un temps où de telles "sexy dolls" (et surtout leurs descendantes ultra-réalistes truffées d’IA) seraient l’avenir de la femme ?... Consacré à l’essor ubiquitaire de la robotique, un hors-série récent du Monde propose un article sur la « révolution » de ces « poupées sexuelles [3] ».

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