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lundi 30 avril 2018

L’hécatombe des fous

 

L’hécatombe des fous

Camille Claudel compte parmi les quelques 45 000 malades mentaux morts de faim dans l’anonymat des hôpitaux psychiatriques français sous l'Occupation. Une histoire exhumée par Élise Rouard dans un film aussi troublant qu’utile au devoir de mémoire.
Face à une actualité toujours changeante qui oblige à surfer sur l’écume d’une information en perpétuel état d’urgence, il est plutôt rare qu’une journaliste prenne à rebours cet appétit vorace de l’Open 24/7 en revenant sur un passé oublié de l’histoire de France.
C’est ce que fait Élise Rouard en allant exhumer l’une des pages les plus sombres de notre Histoire avec son film L’hécatombe des fous. Celle de la famine dans les hôpitaux psychiatriques français sous l’Occupation qui emporta près de 45 000 malades mentaux derrière les murs de nos HP. Morts de faim et de froid. Ont-ils été exterminés par le régime de Vichy qui aurait fait siens les préceptes eugénistes d’un Alexis Carrel ? Les psychiatres ont-ils été complices de ce « génocide des fous » ?
Pavillon des femmes de l’hôpital psychiatrique de Maison Blanche
Autant de questions que la journaliste n’élude pas, dans un documentaire exceptionnel, tant par la pugnacité méthodique de l’enquête, que par la dimension humaine des témoignages rapportés. Élise Rouard est parvenue, en effet, à retrouver des personnes encore vivantes, témoins de cette histoire dont on a trop souvent détourné le regard, comme un passé honteux qu’on pensait pouvoir mettre au seul passif des régimes totalitaires. Certes, « l’extermination douce » dont fut victime les malades mentaux sous le régime de Vichy, n’est pas comparable, en termes de chiffres, aux 200 000 malades mentaux exterminés par le régime nazi durant la guerre, mais elle participe d’une même logique aussi impitoyable que symptomatique de l’esprit d’eugénisme qui anima l’entre-deux guerre.

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