PAR 30 AVRIL 2018
Chef de pôle au centre hospitalier de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or et membre du bureau national du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), Pierre-François Godet explique dans le texte ci-dessous les rapports entre radicalisme djihadiste et maladie mentale.
La question des troubles psychiatriques supposés des personnes radicalisées ou des terroristes djihadistes est bien présente à l’esprit des autorités et on l’a même entendue dans la bouche des plus hautes personnalités de l’État [lire ici].
La première question est de savoir si la maladie mentale prédispose au radicalisme djihadiste. J’entends ici par maladie mentale la pathologie mentale relevant d’une prise en charge psychiatrique. Et puisque le registre convoqué par ce débat est celui de la dangerosité, nous parlons d’une prise en charge psychiatrique – au moins initiale – en service de psychiatrie.
Il faut tout d’abord savoir que le fonctionnement psychotique consiste à se défendre contre la réalité, car la fragilité personnelle du psychotique l’expose à des vécus d’effondrement dans sa rencontre avec le monde et avec les objets qui le composent. Les modes de défense du sujet psychotique sont divers, et pour la plupart inaperçus à un observateur non averti. Le mécanisme de protection de base du psychotique, c’est l’identification : le sujet psychotique s’attribue imaginairement des qualités de l’objet et se transforme, totalement ou partiellement, sur le modèle de celui-ci.
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