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mercredi 2 mai 2018

Besoins et recours à l’offre de soins psychiatriques : il y a des différences ethniques !

18/04/2018




Redoutant probablement une infiltration du racisme dans le simple constat objectif des diversités ethniques ou/et culturelles, la législation française interdit toute mention de critères ethniques (couleur de peau, appartenance communautaire ou religieuse...) dans les études épidémiologiques. Mais cette crainte n’existe pas outre-Atlantique où les mentions de telles données (« sulfureuses» en France) sont au contraire fréquentes, bien sûr sans aucune connotation raciste de la part des signataires de ces études (d’ailleurs issus eux-mêmes parfois de la diversité rencontrée dans ces pays).

S’il est donc légalement impossible de savoir quelle communauté ethnique recourt plus volontiers à l’offre de soins psychiatriques en France, une recherche menée à Toronto (par le Dr Maria Chiu[1] et coll.) fournit par contre ce type d’informations pour cette région du Canada, et montre que la diversité ethnique influe effectivement sur le recours à l’offre de soins psychiatriques dans ce pays. 

« Sur utilisation » par les Blancs

Les auteurs ont étudié un échantillon de près de 255000 « résidents Blancs, Sud-Asiatiques, Chinois et Noirs » en Ontario sur une douzaine d’années (2001–2014), pour estimer la prévalence (normalisée selon l’âge et le sexe) des questions de santé mentale, l’utilisation des services de soins psychiatriques, et la part des « besoins non comblés », en fonction de l’appartenance à tel ou tel groupe ethnique et de caractéristiques sociodémographiques. 

On constate ainsi que la fréquence des troubles anxieux et de l’humeur (autodéclarés ou diagnostiqués par un praticien) comme l’utilisation des services de santé mentale se révèlent « plus faibles chez les sujets d’origine sud-asiatique, les Chinois ou les Noirs, comparativement aux Blancs. » Ce taux de recours différencié à l’offre de soins va en moyenne de 19,8 % dans la communauté chinoise (où il semble plus difficile de confier ses difficultés psychiques à un médecin) à 50,8 % pour le groupe des sujets Blancs. 

Vu ces différences inter-communautaires dans la prévalence des problèmes psychiatriques et surtout dans la recherche des solutions thérapeutiques auprès de tiers qualifiés, il faudrait, soulignent les auteurs, « des initiatives pour mieux comprendre et aborder les obstacles culturels » à l’origine des « nombreux besoins non comblés », dans l’espoir d’identifier « les soutiens et les pratiques cliniques les mieux adaptés » dans chaque contexte communautaire. Ces efforts pourraient contribuer à délivrer pour tous les groupes ethniques ou culturels « des soins psychiatriques plus équitables. » 


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Chiu M et coll.: Ethnic differences in mental health status and service utilization: A population-based study in Ontario, Canada. Canadian J Psychiatry. Publication avancée en ligne, 7 mars 2018. doi: 10.1177/0706743717741061.

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