04/05/2018
Bien que la grossesse constitue un processus physiologique, des complications peuvent survenir, pour la mère ou/et le bébé, dans près de 20 % des cas. La finalité de la surveillance médicale d’une grossesse est justement de réduire ce risque de troubles gravidiques ou prénatals, pour minimiser la morbidité et la mortalité de la femme enceinte comme celles de l’enfant. Or l’existence d’une pathologie psychiatrique chez la future mère peut compromettre le bon suivi de la grossesse et altérer ainsi le contexte sanitaire de la dyade mère/enfant, voire susciter un risque vital.
Portant sur 5 395 femmes ayant donné naissance à un enfant entre 2004 et 2014 (1 043 femmes avec des troubles psychiatriques et 4 352 femmes-contrôles), une étude réalisée dans le district de Tel-Aviv (Israël) compare (chez les femmes-contrôles et celles souffrant d’une pathologie psychiatrique) trois paramètres objectifs : l’observance du suivi de la grossesse (apprécié par la présence ou l’absence aux consultations prénatales), le test de tolérance au glucose, et le taux sanguin de l’alpha-fœtoprotéine.
Les auteurs observent « un risque accru d’anomalie du test de tolérance au glucose » chez les femmes souffrant d’une dépression (Odds Ratio [OR] 1,4 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 1,1–1,7) ou d’une schizophrénie (OR 1,8 ; IC 1,1–2,9), mais pas chez celles avec des troubles anxieux. Concernant les taux d’alpha-fœtoprotéine, le risque d’anomalie ne diffère pas de façon significative entre les femmes dépressives ou schizophrènes et les sujets-contrôles, et ce risque est même « diminué chez les femmes anxieuses » : OR 0,6 ; IC 0,5–0,8).
Un risque élevé de manque d’assiduité aux consultations médicales mais aussi de « surconsommation »
Quant à l’assiduité aux consultations prénatales, on constate la coexistence de deux tendances opposées chez les femmes avec des troubles psychiatriques : soit un risque élevé d’absence de suivi (OR 4,6 ; IC 2,7–8,0), soit au contraire une « surconsommation » de ces consultations prénatales, c’est-à-dire une demande plus importante de rencontres avec un médecin (plus de 20 rendez-vous : OR 2,8 ; IC 2,1–3,7). Ce constat d’une plus forte « médicalisation » est remarqué notamment chez les femmes ayant un traitement psychotrope durant la grossesse (OR 2,2 ; IC 1,7–2,9). Et cette prise d’un traitement psychotrope durant la grossesse est associée aussi à une « conformité accrue » des taux d’alpha-fœtoprotéine (OR 1,4 ; IC 1,1–1,7.
Les auteurs estiment que les professionnels de santé devraient être conscients du risque de recours « soit exceptionnellement faible, soit exceptionnellement élevé » aux consultations prénatales chez les femmes avec une maladie mentale, et « s’efforcer d’améliorer l’observance du traitement psychiatrique » pour optimiser le suivi de la grossesse.
Dr Alain Cohen
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