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lundi 14 mai 2018

Allô maman bobo : « Tu me lâches cette manette ? ! »

Rémi, 8 ans, est obnubilé par son nouveau jeu vidéo. Comment gérer au mieux la durée d’exposition aux écrans ?

LE MONDE |  | Par 

Sourd à la requête paternelle de passer à table, Rémi reste rivé à sa console. Dîner ? Le garçon de 8 ans s’en passerait bien, absorbé par ce jeu vidéo qui le tient en haleine depuis des jours. Il finit par s’exécuter, avant que son père ne voie rouge. Un combat quasi quotidien. Les parents de Rémi s’en inquiètent, sans toutefois regretter cet achat. « Il faut vivre avec son temps », sont convaincus ces deux joueurs occasionnels, conscients de l’attractivité des écrans et préoccupés par la durée d’exposition qui, s’ils lâchent la bride, monte dans les tours.


La monotonie à bonne distance


« Depuis la nuit des temps, l’homme est attiré par ce qui est en mouvement. Nous sommes portés, dès le plus jeune âge, à être attentifs à ce qui va stimuler nos perceptions,observe le psychologue Geoffroy Willo Toke. Toutefois, dès que le contenu d’un écran, et en l’occurrence un jeu vidéo, est trop prévisible, son potentiel d’attractivité s’évente. Et cela vaut pour tout ce qui nous entoure. » Mais la puissance des processeurs et l’ingéniosité créative des concepteurs de jeux vidéo tiennent la monotonie à bonne distance et le joueur dans leurs filets.

« Certains jeux vidéo ont un rythme de surgissement inadapté aux capacités cognitives de l’enfant » Geoffroy Willo Toke, psychologue







Faudrait-il baisser les bras devant la fixette de son enfant ? Certainement pas ! Selon le psychiatre Serge Tisseron, auteur de la règle « 3-6-9-12 » sur l’adéquation entre l’âge et l’exposition aux écrans, il convient de « cadrer et accompagner l’usage des écrans à tout âge, pour apprendre à s’en servir, et à s’en passer ». D’autant que tous les programmes destinés aux enfants ­ (dessins animés, vidéos ou jeux vidéo) ne se valent pas, souligne Geoffroy Willo Toke, pour qui « certains ont par exemple un rythme de surgissement inadapté aux capacités cognitives et d’assimilation ­représentationnelle de l’enfant ».

Opportunité de partage


Idéalement, la console de jeux est à installer dans une pièce commune à la famille, pour ne pas isoler le petit joueur et mieux l’accompagner, tout en restant une opportunité de partage. « Observer son enfant jouer, commenter ce qui se passe à l’écran ou lui demander des explications est essentiel. On peut ne pas être séduit par son jeu vidéo, mais on reste réceptif à son plaisir et à ses expériences », considère Geoffroy Willo Toke.

Si le jeu vidéo lui offre la possibilité de développer sa dextérité, son sens de l’observation ou encore sa capacité à se corriger, cela n’exempte pas l’enfant de connaître des expériences « dans la vraie vie », indispensables à son développement cognitif, social ou affectif. Enfin, inutile d’escompter, à quelques exceptions près, que l’enfant s’autorégule. Il appartient aux parents de délimiter un cadre : nature et variété des jeux vidéo, temps alloué au quotidien ou sur la semaine… Il ne respecte pas les règles ? « Cela peut être un poison sur le plan éducatif, c’est difficile de contenir l’addiction ! Difficile les premiers jours… mais il faut tenir bon pour gagner la partie », indique M. Willo Toke, qui préconise alors « un arrêt complet » pour se remobiliser autour d’autres activités.

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