Il est devenu urgent de répondre à cette question : « La psychanalyse est-elle une science ? » Elle a ses propres critères diagnostics, qui lui permettent d’ordonner les symptômes en syndromes (psychose, névrose ou perversion). Ces invariants réguliers orientent la clinique, et permettent de faire des pronostics, sur ce qu’il convient de faire et de ne pas faire, sur l’avenir proche et lointain d’un patient. A cet égard, la psychanalyse est une science conjecturale aussi efficace que l’anthropologie, ou à plus grande distance que la géologie, ou l’histoire qui, grâce à la répétition de certaines particularités et situations, permettent elles-aussi de faire des conjectures.
La psychanalyse est une science, mais elle a une spécificité unique : c’est que la clinique ne répond pas aux principes aristotéliciens du tiers exclu et de la non contradiction. La parole raisonnable refoule le symptôme, elle étouffe le lapsus, elle oublie les rêves, qui constituent un Réel dont une approche aristotélicienne ne saurait rendre compte. Elle est donc « non scientifique » en ce sens, en effet. Existe-t-il une science de l’unique ? Oui, et c’est même la condition de la Science. La preuve de ces irrégularités singulières ne saurait s’établir grâce à des méthodes comparatives. Un lapsus est unique en son genre, et il est tout de suite considéré comme « vrai » par celui qui le commet. Mais la psychanalyse peut néanmoins faire une démonstration « scientifique » grâce à une autre méthode, qui est celle des multiples témoignages de ceux qui en ont bénéficié.
La journée du samedi 16 juin examinera cette question de la scientificité. Sa matinée sera plus spécialement consacrée au dernier livre de Moustafa Safouan « Le puits de la vérité ».Ce livre est important pour nous : en insistant sur ce qui constitue, dans la science, une « création libre de l’esprit », mais en montrant en même temps que la « matière première de ses concepts » vient des mots du « langage ordinaire » (certes purifiés de leur ambiguïté) il nous donne les moyens de poursuivre la confrontation entre science et psychanalyse en relation avec la question de la vérité.
Interviendront à cette journée :
Assoun Paul-Laurent, Bouvatier Thomas, Burzotta Luigi, Chemama Roland, Clermont Thomas, Darmon Marc, Hiltenbrand Jean-paul, Hoffmann Christian, Lamote Thierry, Landman Patrick, Manenti Gorana, Maniglier Patrice, Pommier Gérard, Safouan Moustafa
Le prix du colloque, qui comprend le repas à midi, est à régler sur place : 60 euros, et 40 euros pour les étudiants.
Le comité d’organisation : Luigi Burzotta, Roland Chemama, Thomas Clermont, Gorana Manenti, Gérard Pommier
Samedi 16 juin 2018 de 10h à 18h au 1er étage des « Grandes marches » 6 place de la Bastille 75012 Paris
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