Les enfants prépubères sont aussi résistants à un effort physique intense que des adultes avec un niveau national en course de fond, triathlon ou cyclisme.
Dix mille pas et plus. « Maman, je suis fatigué. » La prochaine fois que Junior tentera cet argument pour échapper à une balade familiale à vélo ou un parcours santé, vous pourrez le contrer sans état d’âme, arguments scientifiques à l’appui. Des chercheurs viennent en effet de démontrer que les enfants prépubères sont aussi résistants à un effort physique intense que des adultes avec un niveau national en course de fond, triathlon ou cyclisme. Plus impressionnant encore, ces marmots récupèrent plus rapidement que des athlètes qui s’entraînent six fois par semaine.
C’est une évidence pour bien des parents : leurs enfants sont plus endurants qu’eux. Et la science le confirme. Depuis vingt ans, des travaux – principalement menés par M. Ratel – ont établi que les jeunes enfants (prépubères) fatiguent moins que des adultes non entraînés lors d’exercices physiques intenses et répétés, tels des sprints à vélo ou des courses à pied de courte distance. Mais qu’en est-il si on les compare à des athlètes de haut niveau ?
Récupération rapide
Pour pousser jusqu’au bout la démonstration, les chercheurs français et Anthony Blazevich (Université Edith-Cowan, Australie) ont constitué trois groupes de volontaires, tous de sexe masculin : douze garçons prépubères de 8 à 12 ans, douze adultes non entraînés d’une vingtaine d’années, et treize athlètes d’endurance dans la même tranche d’âge. Dans les deux premiers groupes, le niveau d’activité physique ne dépassait pas quatre heures par semaine. Les membres du troisième groupe étaient, eux, inscrits dans un club d’athlétisme, de cyclisme ou de triathlon et s’entraînaient six fois par semaine. Ils n’étaient pas marathoniens.
Tous ont été soumis à deux tests, sur un vélo d’entraînement (ergocycle). Le premier a consisté à calculer leur VO2 max, ou capacité aérobie, qui correspond au débit maximal d’oxygène consommé lors d’un effort, en ml/mn/kg de poids. Les chercheurs ont ensuite mesuré la fatigabilité, c’est-à-dire la perte de puissance lors d’un sprint de trente secondes. Globalement, les enfants ont un profil métabolique à l’effort comparable à celui des athlètes, et bien meilleur que celui des adultes non entraînés, concluent les chercheurs. Mais ce sont les données post-effort qui les ont le plus étonnés.
« La fréquence cardiaque se normalise plus rapidement chez les enfants que chez les adultes, non entraînés ou bien entraînés, et ils éliminent plus vite le lactate, souligne Sébastien Ratel. Une récupération aussi rapide laisse penser qu’il y a chez les plus jeunes une forte activation du système nerveux parasympathique. C’est ce que nous allons maintenant étudier. »
Cette expérience n’a concerné que des garçons, mais il n’y a pas de raison que le résultat soit différent chez les filles, estime le scientifique clermontois.
Ces nouvelles données ont des implications pratiques. « Avant la puberté, l’enfant a une capacité aérobie extraordinaire, il n’est donc pas nécessaire de mettre trop l’accent sur l’endurance. En revanche, il faut privilégier le travail sur la motricité, l’efficacité gestuelle, la coordination… car les limites sont plutôt biomécaniques », souligne ce spécialiste, auteur d’un récent ouvrage sur le sujet, Préparation physique du jeune sportif (Amphora, 224 p.).
Avec l’arrivée de la puberté (vers 14 ans chez le garçon, 11-12 ans chez la fille), ces facilités métaboliques se perdent, et un entraînement à l’endurance devient plus nécessaire.
P.-S. pour Junior : pas d’excuses pour échapper à la séance dominicale.
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