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mercredi 16 mai 2018

Alzheimer : une maladie en trompe-l’œil ?

Pour les auteurs de cet ouvrage, le refus d’accepter le déclin cognitif empêche de sortir de la médicalisation sans limite du vieillissement.

LE MONDE  | Par 

Le livre. Les quarante dernières années ont vu l’émergence de la maladie d’Alzheimer comme problème de santé publique dont tout un chacun ou presque a ­entendu parler. Olivier Saint-Jean, chef du service de gériatrie de l’hôpital européen Georges-Pompidou, et Eric Favereau, grand reporter santé à Libération, se livrent à une démolition. Leur thèse : la maladie d’Alzheimer est une construction sociale imposant une vision de la vieillesse comme une maladie. Le refus d’accepter le déclin cognitif comme partie intégrante de notre normalité empêche de répondre au vieillissement par l’accompagnement adéquat.

Au début des années 1980, un double constat a été fait : le nombre de sujets âgés s’accroît et la médecine est incapable d’améliorer les fonctions intellectuelles qui se détériorent. « Comme il faut donc rapporter tous les symptômes à une maladie, y compris les troubles ­cognitifs, on va exhumer une maladie dépeinte au début du XXe siècle et presque totalement tombée dans l’oubli », racontent les auteurs.

Absence d’efficacité des médicaments


Face à ce qu’ils appellent le « serial killer des vieux »,« il devient impensable de ne pas disposer de médicaments. A n’importe quel prix ». Des médicaments qui échappent à toutes les règles car, « avant même leur mise sur le marché, leur absence d’efficacité est évidente ». Si encore ils étaient anodins. L’ouvrage cite, en 2018, le président de la commission qui avait eu à trancher sur l’efficacité des médicaments anti-Alzheimer, le professeur Loïc Guillevin : « Ces médicaments ont plus tué qu’ils n’ont guéri. »

Or, il y a ce que Olivier Saint-Jean et Eric ­Favereau appellent « la grande surprise, la bonne nouvelle qui va à contre-courant de toutes les prévisions » et « change la donne » : le nombre de cas supposés de la maladie d’Alzheimer diminue. Ils s’appuient sur plusieurs grandes études parues ces deux dernières années et notamment celle dite de la cohorte de Framingham portant sur trois générations qui montre « une réduction moyenne de 20 % d’une décennie à l’autre ».

Les auteurs s’inquiètent de ce que les vieux « ne participent plus aux choix fondamentaux de leur fin de vie ou si peu ». Ils ouvrent des pistes alternatives aux échecs de la médicalisation et au modèle des Ehpad « devenu par ailleurs un marché capitalistique fructueux en France ». Les auteurs prônent une réflexion pour « sortir la vieillesse d’une médicalisation sans limite, ouvrir les Ehpad, repenser l’aide à domicile, changer la logique d’assistance, donner des réponses à des situations plutôt que des places dans des institutions, offrir aux vieux le droit de prendre des risques auxquels une réflexion anticipée sur leur fin de vie les a préparés, bref leur laisser la possibilité, s’ils le souhaitent, de “rester chez soi” : tout cela est faisable ».

Une option dont Olivier Saint-Jean et Eric Favereau soulignent ironiquement que « le prix ne sera guère plus élevé que les milliards d’euros donnés depuis vingt ans à l’industrie du médicament Alzheimer ». Un livre qui rue dans les brancards et qui a le mérite de porter un débat nécessaire sur la place publique.

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Alzheimer. Le grand leurre, par le professeur Olivier Saint-Jean et Eric Favereau (Michalon, 176 pages.

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