L’usage prolongé des benzodiazépines est un sujet préoccupant. Les recommandations limitent les durées de prescriptions à quelques semaines et préconisent un sevrage accompagné. En dépit de cela, les prescriptions sur de longues durées ne sont pas rares. Le manque de temps des praticiens, la forte demande de la part des patients, la facilité du renouvellement contribuent à une consommation prolongée. Cet usage à long terme est associé à la survenue de dépendance, de tolérance et d’effets indésirables comme des troubles cognitifs, la démence, les chutes et les fractures.
Une équipe brésilienne vient de publier les résultats d’une étude transversale dont l’objectif était d’identifier les facteurs associés à un usage prolongé de benzodiazépines par des patients traités aussi par antidépresseurs. Cette association est en effet courante, et, si certains travaux ont montré son intérêt pendant les quatre premières semaines du traitement antidépresseur, cet avantage disparaît après ce délai.
4 sujets sur 10 concernés
Au total, 870 patients traités par antidépresseurs ont été inclus. Les données confirment la prévalence élevée de l’utilisation prolongée de benzodiazépine, puisque 40 % des sujets inclus ont reçu des traitements d’une durée supérieure à 4 semaines. Plusieurs facteurs ont été identifiés comme associés à cet usage prolongé. Il s’agit notamment du fait d’être une femme (prévalence ratio 1,47 ; intervalle de confiance à 95 % de 1,07 à 2,02), d’être âgé de 35 ans ou plus (2,18 ; 1,55 à 3,06), d’avoir été diagnostiqué depuis plus de 3 ans (2,1 ; 1,6 à 2,8), d’utiliser des antidépresseurs de la classe des inhibiteurs de recapture de la sérotonine plutôt que des tricycliques (1,7 ; 1,3 à 2,2), et enfin, que les ordonnances soient délivrées par un psychiatre (6,5 ; 3,2 à 13,2).
En convenant que le design de l’étude ne met pas à l’abri de nombreux biais et ne permet d’affirmer les liens de cause à effet, les auteurs suggèrent que les schémas de prescription soient révisés avec l’objectif d’améliorer les pratiques cliniques et de tendre vers un usage plus rationnel des benzodiazépines, particulièrement dans ces populations identifiées comme étant à risque d’usage prolongé.
Dr Roseline Péluchon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire