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jeudi 9 mars 2017

Possédons-nous un « Vrai Moi » ?

Par Rémi Sussan
L’institut international pour la cognition et la culture (ICCI), qui regroupe un grand nombre de spécialistes des sciences cognitives (parmi les participants dont nous avons déjà parlé dans nos colonnes, on citera par exemple Dan SperberPascal Boyer ou encore Harvey Whitehouse, que nous avons présenté récemment à propos de Seshat), s’est grandement intéressé, ces derniers jours à un travail de trois chercheurs de l’université de Yale, Nina StrohmingerJoshua KnobeGeorge Newman, auteurs récents d’un papier(.pdf) sur le problème du « Vrai Moi » (True Self). Autour de ce concept, l’ICCI a lancé un « webinaire », le « True Self journal club » où des membres divers de l’institut émettent leurs observations sur le sujet. Nina Strohminger devrait d’ailleurs bientôt participer à la discussion en cours.
internetactu.netUne entité morale

Mais que signifie cette notion de Vrai Moi ? Selon les trois auteurs, les humains auraient tendance à considérer que certains comportements, certaines actions, certaines caractéristiques seraient plus en accord avec notre « personnalité profonde », notre Vrai Moi, tandis que d’autres seraient la marque d’un « Moi superficiel ».

Comment caractérise-t-on ce Vrai Moi ? Les auteurs donnent comme exemple le personnage d’Ebenezer Scrooge dans le Chant de Noël de Dickens. Cet avare compulsif et égoïste découvre finalement la charité et la joie de partager. Dans cette histoire, Scrooge montre deux facettes opposées de sa personnalité ; pourtant, nombre de lecteurs ont tendance à penser que c’est le second Scrooge, le Scrooge généreux, qui est en fait le vrai : Scrooge découvre au cours de l’histoire sa personnalité profonde. Ainsi, la plupart des « dilemmes » auxquels on peut être confronté appartiennent à une interrogation sur notre Vrai Moi.

Les chercheurs donnent l’exemple d’un conservateur chrétien homosexuel : celui-ci doit-il considérer son orientation comme faisant partie de son Vrai Moi ou au contraire s’agit-il d’un péché superficiel dont il devra se débarrasser d’une manière ou d’une autre ?

Quelles sont les caractéristiques de ce Vrai Moi ? Tout d’abord précisent les auteurs, il s’agit avant tout d’un être moral. En effet, ce sont ces caractéristiques qui sont le plus volontiers considérées comme constitutives de la personnalité, bien plus que les aspects physiques ou cognitifs. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire que la personnalité ne change pas si par exemple on se fait amputer d’un membre. Mais nous précisent les auteurs, des maladies comme la démence fronto-temporale, qui perturbe les capacités morales, nous apparaissent comme changeant bien plus la personnalité « profonde » du patient qu’un déficit cognitif portant exclusivement sur la mémoire, comme dans les cas les plus communs de la maladie d’Alzheimer.

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