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vendredi 10 mars 2017

La validation scientifique des thérapies non médicamenteuses pour Alzheimer reste incomplète


 - HOSPIMEDIA
Compréhension de la pathologie ou traitement curatif, la maladie d'Alzheimer fait l'objet de nombreuses recherches. Mais le domaine des sciences humaines et sociales reste encore trop peu exploité. De même, des preuves scientifiques de l'efficacité des thérapies non médicamenteuses manquent encore, afin de valider ces accompagnements innovants.

Les recherches consacrées à la maladie d'Alzheimer sont nombreuses, à la fois en France, eu Europe et à l'international. La plupart d'entre elles "se focalisent sur la compréhension de la maladie", indique le Pr Philippe Amouyel, lors de son intervention, ce 7 mars, au point presse organisé en amont des assises de la recherche et de l'innovation sociale, portées par la Fondation Médéric Alzheimer. Quant aux pistes thérapeutiques, elles sont majoritairement menées sur des animaux et mettront dix ou quinze ans pour être potentiellement accessibles, précise le directeur général de la Fondation de coopération scientifique pour la recherche sur la maladie d'Alzheimer. Alors "que faire en attendant ?", s'interroge Philippe Amouyel. Le professeur plaide pour une recherche davantage orientée vers les sciences humaines et sociales. Les chercheurs dans ce domaine sont nombreux mais seul "un nombre limité s'intéresse à cette problématique". 


Dans le cadre de sa mission, le Pr Michel Clanet s'est penché sur les recherches ayant trait aux alternatives non médicamenteuses. Le président du comité de pilotage du plan Maladies neurodégénératives va remettre très prochainement son rapport commandé par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, en réponse à l'avis négatif de la Haute Autorité de santé (HAS) sur les quatre médicaments contre Alzheimer. Il ressort de son travail un manque d'analyse scientifique de ces thérapeutiques. "Des efforts complémentaires doivent être faits pour prouver scientifiquement que ces innovations [non médicamenteuses] améliorent la santé et la qualité de vie des personnes malades", explique le Pr Michel Clanet. Le comité de pilotage envisage dans ce cadre d'organiser une journée dédiée à la méthodologie de ces recherches. 

Une arrivée tardive dans la filière diagnostique

Autre point sur lequel le Pr Michel Clanet insiste dans son rapport : la nécessité d'intégrer les patients et leurs familles aux réflexions éthiques relatives à la maladie d'Alzheimer, et de ne pas se cantonner à des débats scientifiques. Au niveau diagnostic, si la filière est en place, les personnes malades y parviennent souvent "tardivement", poursuit le président du comité de pilotage. "Un des efforts que je vais conseiller dans mon rapport est d'identifier les moyens de mieux intégrer les médecins généralistes dans ce repérage", afin que le patient y parvienne au bon moment et puisse ainsi bénéficier d'un "meilleur accompagnement", voire "entrer dans un protocole de recherche". 

L'enjeu du diagnostic est prédominant. "La maladie démarre probablement vingt à trente ans avant les premiers symptômes", souligne le Pr Philippe Amouyel. Et même si un traitement existait, à ce stade de la maladie il est possible que les lésions au cerveau soient irrémédiables. Mais certaines barrières persistent en France dans le diagnostic de la maladie. C'est le cas notamment pour l'utilisation d'une méthode d'imagerie médicale, la tomographie par émission de positons — PET scan en anglais —, qui est autorisée outre-atlantique pour détecter la maladie, mais pas dans l'Hexagone. "Nous aurions besoin de plus de transparence sur ces décisions", insiste le Pr Philippe Amouyel. 

Si un traitement innovant venait à être trouvé dans les prochaines années, il confrontera la société "à un problème de santé publique dû au coût de ce traitement", avertit le Pr Michel Clanet. La dépense publique sera extrêmement importante, "on le voit aujourd'hui concernant la sclérose en plaques". Cette question doit être anticipée, d'autant que la France compte 900 000 malades aujourd'hui mais en comptera plus de 2 millions en 2040.


La fondation prépare un livre blanc

En amont de ses assises, la Fondation Médéric Alzheimer a lancé un appel à contributions. Quelles que soient les origines des contributeurs, "tous ont défini a peu près les mêmes priorités", indique Michèle Frémontier, directrice de la fondation, lors d'une conférence de presse. Il en ressort un consensus sur la nécessité de rapprocher la recherche de l'innovation sociale. Les contributions mettent par ailleurs en lumière la forte volonté des professionnels de l'accompagnement d'être associés à la recherche. Ces éléments, ainsi que ceux discutés lors des assises, feront l'objet d'un livre blanc, qui définira un programme prioritaire de recherche au service de l'innovation sociale.
Cécile Rabeux

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