La secrétaire d'État à l'Aide aux victimes a présenté en avant-première lors d'un congrès quelques-unes des mesures qui seront annoncées ce 7 mars pour améliorer l'accompagnement psychologique des victimes d’attentats et de catastrophes. La création d'une réserve de professionnels de la pédopsychiatrie et de "centres de résilience" est envisagée.
En ouverture d'un congrès* organisé le 6 mars à Paris sur le thème : "l'enfance attaquée : la pédopsychiatrie face au traumatisme collectif", la secrétaire d'État à l'Aide aux victimes, Juliette Méadel, a dévoilé de premières recommandations pour améliorer l'accompagnement psychologique des victimes d'attentats et d'autres catastrophes. Elles seront présentées plus officiellement au secrétariat d'État le 7 mars, sous l'égide de Matignon, a-t-elle expliqué. "Il nous reste beaucoup de défis à relever, nous pouvons même dire que nous n'en sommes qu'au début car il y a trop de familles qui ne bénéficient pas encore d'un suivi psychologique et psychiatrique adapté", a relevé la secrétaire d'État. Malgré l'important travail de pédagogie, des cellules d'urgences médico-psychologiques (Cump) et des professionnels de terrain, "il n'y a pas encore suffisamment ce réflexe de se dire qu'en cas de difficultés, il faut aller consulter", a-t-elle poursuivi. Et pourtant, "une prise en charge dans les premières minutes a un impact décisif sur les capacités de reconstruction futures". Et il revient au secrétariat d'État et aux acteurs de santé de "faciliter l'accès à l'offre de soins pour tous les enfants qui ont été traumatisés, pas seulement ceux qui l'ont été dans le cadre d'un attentat terroriste car les accidents collectifs" créent aussi des besoins de prise en charge.
Faciliter l'accès aux soins pédopsychiatriques
Dans un contexte de pénurie de l'offre de soins psychiatriques, "il nous reviendra donc de faciliter cet accès aux soins", a appuyé Juliette Méadel, précisant qu'en "l'espace de dix ans, hélas, le nombre de pédopsychiatres a baissé de 50%". De plus, "les soins ne sont pas nécessairement bien remboursés par la Sécurité sociale, notamment en ce qui concerne les psychologues et certains thérapeutes", a-t-elle développé. Elle a estimé qu'il "faudra donc travailler à l'élargissement de la prise en charge au-delà même des victimes d'actes de terrorisme, pour améliorer les conditions du remboursement".
Juliette Méadel présentera des recommandations ce 7 mars, à l'issue d’un cycle de trois tables rondes initié pour échanger avec professionnels et associations sur l’accompagnement psychologique des victimes. "Les débats ont permis de dégager plusieurs chantiers prioritaires à engager et, dans les semaines qui viennent, je demande au secrétariat général à l'aide aux victimes que j'ai créé en février de mettre en place l'ensemble des mesures concrètes que nous avons prises pour améliorer l'accompagnement et le suivi psychologique", a-t-elle expliqué.
Il convient en premier lieu d'améliorer la connaissance des "nécessaires spécificités" des prises en charge psychologiques. Elle a donc annoncé que le secrétariat d'État veut engager avec "le CHU Lenval à Nice (Alpes-Maritimes), notamment Florence Askenazy, professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, une recherche clinique au long cours avec certains enfants victimes de l'attentat du 14 juillet 2016". Il s'agira de mieux comprendre les impacts du traumatisme au plan des conséquences cliniques, neuropsychologiques et biologiques, ainsi que d'identifier les risques de développer un trouble de stress post-traumatique ou toute autre forme de psychopathologie.
Créer une réserve mobilisable en aval des Cump
"L'expérience réussie qui a été menée par l'Hôpital Armand-Trousseau à Paris doit aussi nous conduire à créer une réserve de pédopsychiatres et de psychologues volontaires qui seront mobilisables dans l'urgence pour intervenir auprès des enfants victimes et de leurs familles, en aval des Cump", a déclaré Juliette Méadel. Elle a indiqué également soutenir, avec le président de la République, la proposition de l'association SOS Attentats de créer un "centre national de ressources et de résilience" pour approfondir certaines des orientations dégagées lors des tables rondes organisées au secrétariat d'État. "J'ai demandé au Premier ministre de missionner des membres de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Inspection générale des finances (IGF) pour un rapport qui doit m'être remis mi-avril, qui nous éclairera sur les conditions opérationnelles de mises en place de ce centre national de la résilience", a-t-elle précisé. Précision importante : ce centre national s'appuiera sur des centres territoriaux, qui seront "expérimentés dans quatre territoires : la région parisienne, Lyon, Nice et Toulouse, dans la perspective d'une généralisation ultérieure". Ils seront dotés d'un département de pédopsychiatrie, "dans le but non seulement de mieux connaître mais surtout de mieux traiter les psychotraumatismes" chez les enfants et les adolescents.
* Le congrès a été organisé par la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et disciplines associées (SFPEADA).
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