« Parler » serait-il le meilleur des remèdes ? Apparemment oui. Les personnes souffrant de troubles mentaux sont davantage à risque de refuser un traitement par psychotropes ou de l’arrêter en cours de route par rapport à une psychothérapie. C’est ce que révèle une méta-analyse qui ne regroupe pas moins de 186 études récemment publiée par l’American Psychological Association dans leur revue Psychotherapy.
Sur toutes les études analysées, 57 incluaient près de 7 000 individus et comprenaient des indications sur les refus des traitements recommandés, alors que 182 travaux, regroupant environ 20 000 patients, s'intéressaient à l'arrêt prématuré de leur traitement.
Plus d’écoute, moins de médicaments
En prenant en compte la totalité des études, la proportion de refus, tous traitements confondus, était en moyenne de 8,2 %. Cependant, « nous avons remarqué que les taux de refus étaient deux fois plus importants pour les pharmacothérapies seules comparées aux psychothérapies seules, en particulier dans les indications que sont les troubles anxieux sociaux, les troubles de panique ou la dépression », affirme le Pr Joshua Swift, de l’Université de l’État de l’Idaho qui a dirigé les travaux.
Par ailleurs, une fois le traitement débuté, les taux d’abandon étaient de 21,9 %. Mais les patients sous thérapies médicamenteuses seules présentaient un risque 1,2 fois supérieur d’arrêter précocement comparativement à la psychothérapie seule. Sous psychotropes, « les taux d’arrêt prématuré étaient aussi plus élevés (…) en particulier en cas d’anorexie, de boulimie ou de dépression », précise le Pr Swift.
En effet, les chercheurs ont constaté de larges différences selon la pathologie sous-jacente. Par exemple, les patients dépressifs avaient un risque plus de deux fois plus important de refuser une pharmacothérapie alors que ceux souffrant de troubles de paniques présentaient un risque accru d’un facteur 3.
Les psychotropes : une solution temporaire pour certains patients ?
Malheureusement, ces travaux ne rapportent pas les raisons pour lesquelles les patients agissent d’une manière ou d’une autre. Les auteurs émettent néanmoins des hypothèses pour expliquer pourquoi les patients seraient plus disposés à engager une psychothérapie. Ils présument notamment que beaucoup d’individus psychologiquement fragiles n’attribuent pas leur situation à des causes uniquement biologiques.
Pour le Dr Roger Greenberg, de l’université de Syracuse et coauteur des travaux, certaines personnes désirent une opportunité de parler avec un individu attentif qui les aiderait à faire face à leurs expériences émotionnelles. « Les psychotropes peuvent aider beaucoup de gens, et je pense que certains les voient comme un moyen facile et rapide de guérison, mais je pense que d’autres jugent leurs problèmes plus complexes et inquiétants au point que les médicaments ne fourniraient qu’une solution temporaire et superficielle par rapport aux difficultés qui les submergent dans leurs vies. »
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