LE PROBLÈME
Quand on évoque la toilette, on parle d'un sujet plutôt intime. En Ehpad, la toilette des résidents se retrouve au cœur de certaines revendications des familles ou du personnel réclamant parfois plus de temps pour des soins dignes. Faire sa toilette sans aide est aussi une marque d'autonomie. C'est un acte d'hygiène et de soin.
LA SOLUTION
Dans ses recommandations de bonnes pratiques, l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) souligne que l'Ehpad est un lieu "dont la finalité est la qualité de vie de chaque résident tout au long du séjour, quelles que soient ses difficultés". Dans ce cadre, la toilette ou hygiène corporelle n'est pas anodine. Réalisée avec l'aide d'un personnel formé, elle obéit à des règles qui ne doivent pas toutefois gommer les choix des séniors concernés.
Un sujet privé
Si pour certains, la toilette est un rituel quotidien réalisé presque mécaniquement, pour d'autres, et notamment les résidents d'Ehpad, la chose est différente, même s'il s'agit toujours de se nettoyer avec de l'eau et des produits appropriés. En effet, comme le rappelle l'Anesm dans le volet 2 de ses recommandations : "L'Ehpad représente un cadre de vie contraint, dont la nécessité est le plus souvent imposée au sujet âgé pour des raisons multiples qui ne tiennent pas seulement à un état de santé fragilisé mais aussi aux ressources mobilisables, à l'existence et la taille du réseau familial et social, à la perte d'initiatives et aux limites de solutions mises en œuvre à domicile." Tout cela, dans un souci de droit des résidents à la vie privée. Les règlements des Ehpad peuvent aussi rappeler que la chambre des résidents et leur salle de bain sont des lieux réservés à un usage privatif.
Comment protéger l'intimité lors des soins de toilette
L'Anesm suggère notamment de respecter l'intimité corporelle du résident en :
- protégeant la personne du regard des autres ;
- lui permettant d'exercer un choix sur le moment et les modalités de toilette ;
- individualisant les produits et le linge de toilette ;
- laissant le choix des vêtements, dans la mesure du possible.
Qui réalise les toilettes en Ehpad ?
Réglementairement parlant, les soins visant à assurer l'hygiène de la personne et de son environnement font partie des missions des infirmiers définies dans leur décret d'actes.
De son côté, l'aide-soignant réalise des soins liés aux fonctions d'entretien, il accompagne les résidents dans les activités de leur vie quotidienne, sous la responsabilité de l'infirmier.
Outre les soins d'hygiène, les intervenants à la toilette doivent aussi agir en prévention pour s'assurer que le résident n'a pas de problème de peau ou de douleur. La toilette peut aussi être un moment relationnel privilégié. D'où l'importance d'organiser ce temps. Certains professionnels qui se sont penchés sur le sujet ont suggéré d'instaurer un temps minimum de toilette à respecter. À l'inverse, instaurer un temps maximum semble plus compliqué au regard des nombreuses variables entrant en compte.
Les différentes toilettes possibles
Les modes de toilettes varient en fonction notamment du type de soins d'hygiène que le résident souhaite et de son niveau de dépendance. On peut ainsi distinguer : la toilette complète au lit, la toilette au lavabo, le pédiluve, la capiluve, la douche, le bain.
La procédure de toilette s'organise généralement en deux temps :
- avant de mettre en place la toilette d'un résident, il est primordial de communiquer, pour lui expliquer le déroulement des soins et prendre en compte ses désirs ;
- dans un deuxième temps, il faudra préparer le matériel nécessaire, si possible les produits du résident.
La toilette, un indicateur d'autonomie
Faire sa toilette, avec ou sans aide, est aussi un marqueur de dépendance ou d'autonomie. La grille Aggir se décline du Gir 1 — pour une personne confinée au lit ou au fauteuil nécessitant une prise en charge pour la plupart des activités de la vie courante —, au Gir 6 — pour des séniors autonomes. En Gir 4, se trouvent des personnes ayant besoin d'aide pour se lever, se coucher mais pouvant se déplacer à l'intérieur de leur logement ou chambre. Par contre, ils peuvent avoir besoin d'une assistance pour la toilette et l'habillage.
La toilette, un soin d'hygiène
Dans sa fiche consacrée à la toilette des patients, le centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (Cclin) Sud-Est considère la toilette comme un soin d'hygiène répondant à des critères stricts et permettant de lutter contre le risque d'infection, si les règles sont respectées.
Pour une toilette d'une personne dépendante au lit, il est ainsi recommandé :
- de mettre un tablier à usage unique ;
- de renouveler l'eau de la cuvette aussi souvent que nécessaire ;
- de suivre un ordre de lavage assurant le confort, la dignité et la sécurité de la personne lavée ;
- de savonner, rincer et sécher par tamponnement ;
- de changer systématiquement de gant de toilette après un temps dit contaminant ou d'utiliser des gants à usage unique ;
- d'insister sur les endroits riches en proliférations microbiennes (oreilles, coudes, aisselles, plis cutanés, ombilic, pieds).
Outre l'hygiène du corps, d'autres soins doivent être réalisés :
- l'hygiène bucco-dentaire ;
- les soins des yeux et des oreilles ;
- les soins des mains, des ongles, rasage, coiffage ;
- les soins esthétiques crème, eau de toilette, maquillage...
Pour aller plus loin :
- Cclin Sud-Est, 4es journées régionales d'hygiène et de prévention du risque infectieux en établissements médico-sociaux : la place de la toilette, 2016 ;
- Anesm, Recommandations de bonnes pratiques : Qualité de vie en Ehpad (volet 2) : organisation du cadre de vie et de la vie quotidienne, 2011 ;
- Cclin Sud-Est (CHU de Lyon), Fiche toilette du patient, 2010.
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