Grande Dépression, krach boursier : à l’Orangerie, une expo montre comment les artistes américains des années 30 ont réagi à la violence de l’époque, entre introspection inquiète et création engagée.
Une femme, blonde platine en costume bleu à liseré rouge, le regard baissé, se tient debout dos au mur dans un couloir vivement éclairé, que prolonge une volée de marches. Une cloison sombre la sépare de la salle de cinéma où est projeté un film en noir et blanc dont la grisaille détonne avec la scène très colorée. L’ouvreuse isolée est plongée dans ses pensées, absente. Avec New York Movie, peint en 1939, Edward Hopper donne une image de l’intériorité et de la solitude où le sentiment de vide côtoie une étrangeté d’autant plus forte qu’elle est d’un implacable réalisme. A la même période, Jackson Pollock, de trente ans le cadet de Hopper, peint une toile sans titre aux limites de l’abstraction, dans laquelle se mêlent les influences du Guernica de Picasso, du muralisme mexicain et de la peinture sur sable amérindienne. Tout en largeur, un taureau terrasse un homme aux entrailles à vif. Entre ces deux toiles, qui viennent clore l’exposition «la Peinture américaine des années 1930 - The Age of Anxiety» au musée de l’Orangerie (Paris Ier), se définit la peinture américaine de la plus grande période de crise qu’aient connue les Etats-Unis.
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