07.11.2016
L'auteur de ce fait divers tragique a été déclaré pénalement irresponsable en 2011 et se trouve placé désormais en unité pour malades difficiles. Ce n'est donc pas lui qui sera jugé à partir de mardi par le tribunal correctionnel de Grenoble, mais l'hôpital et le psychiatre qui le suivait. L'affaire qui a éclaté il y a huit ans avait bouleversé l'opinion, au point que même le président de la République de l'époque, Nicolas Sarkozy, s'en était mêlé. Le 12 novembre 2008 dans le centre-ville de Grenoble, situé à une dizaine de kilomètres de l'hôpital, un homme de 56 ans, atteint de schizophrénie poignarde Luc Meunier, étudiant de 26 ans.
Le centre hospitalier de Saint-Egrève (photo) et le Dr Lekhraj Gujadhur -seul des trois médecins initialement mis en cause à être poursuivi- devront donc expliquer comment Jean-Pierre Guillaud, déjà auteur de plusieurs agressions à l'arme blanche, a été autorisé à des sorties non surveillées dans le parc de l'établissement et a pu le quitter sans difficulté. La procédure est inédite en France. "Ce procès est l'aboutissement d'un combat mené par la famille Meunier, seule contre tous", a déclaré lundi à la presse Me Hervé Gerbi, rappelant que son dossier avait "pâti d'une récupération politique et de la bronca des psychiatres" à la réforme de leur métier voulue par Nicolas Sarkozy, qui comportait des dispositions sur les malades dangereux.
Il s'agit en effet de "la première fois en France qu'un psychiatre praticien hospitalier est poursuivi pénalement", a souligné Me Gerbi. La peine maximale encourue est de 5 ansd'emprisonnement, "mais ça n'ira pas au-delà du sursis", a-t-il pronostiqué. Dans une affaire similaire, une psychiatre marseillaise avait été condamnée en 2012 à de la prison avec sursis avant que la cour d'appel d'Aix-en-Provence n'éteigne les poursuites en 2014 pour cause de prescription des faits, mais elle exerçait en libéral.
De son côté, Me Jean-Yves Balestas, avocat du psychiatre poursuivi, a estimé que la famille voulait "marquer au fer rouge un médecin", qui a cessé d'exercer depuis le drame. "Je compatis à leur douleur, évidemment, mais la réparation ne peut venir que d'un juge administratif" qui doit être saisi en cas d'accident médical. Ce procès "est un dévoiement du système judiciaire que je n'accepte pas", a-t-il dit. Me Balestas assure aborder cette audience "avec beaucoup de confiance car, en droit, mon client doit être relaxé: il n'est pas responsable de ce drame pénalement". De plus, "pour les médecins psychiatres, c'est une première qui devrait ne jamais avoir eu lieu et ils sont très inquiets parce que, face à ce genre de malades, si on les accuse de prendre un risque, il faut trouver des cellules fermées et ça n'existe pas en France!"
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