Didier Weckner, directeur délégué d'AXA France en charge de la santé et des assurances collectives, a annoncé que le service de téléconsultations de sa compagnie recevait« plusieurs centaines d'appels par semaine ». «La tendance est à la hausse mais il est difficile de connaître le taux d'accélération d'ici un an ou le nombre de médecins dont nous aurons besoin », a-t-il expliqué, lors d'un échange organisé à Paris par Nile consultants.
Le dirigeant a par ailleurs affirmé que ce service de consultation par téléphone officiellement lancée début janvier 2016 par la compagnie d'assurance correspondait à un réel besoin du« client ».
En mai 2015, l'assureur AXA avait créé la surprise en annonçant l'ouverture d'un service de consultations médicales par téléphone 24h/24 pour les quelque 2,2 millions de clients de sa complémentaire santé collective.
29 médecins salariés
Les téléconsultations téléphoniques sont réalisées par 29 généralistes libéraux salariés d'AXA. Les médecins font le point avec les patients, établissent un diagnostic et peuvent, s’ils le jugent nécessaire rédiger une ordonnance qui peut être transmise au pharmacien choisi par l’assuré avec son accord. Le service exclut la délivrance de certificats médicaux ou d’arrêts de travail.
« La téléconsultation est incluse dans le contrat santé de votre entreprise, explique AXA sur son site. Les salariés couverts et leur famille peuvent en bénéficier sans frais supplémentaire. »
« Ce projet est innovant, explique Didier Weckner. Nous avons mis plus de six mois à avoir toutes les autorisations après un an et demi de préparation. »
Accueil glacial des syndicats
Toutefois, le nouveau service a reçu un accueil glacial des centrales syndicales et provoquél'inquiétude de l'Ordre des médecins. Parmi les points épineux figurent la rémunération des médecins par l'assureur pour ces téléconsultations, la question de la prescription, l'accès aux données personnelles de santé des patients, la crainte de l'instauration de réseaux de soins incluant des médecins (aujourd'hui interdits par la loi) mais surtout le contournement du médecin traitant.
« Nous nous inscrivons en complément du parcours de soins et non en opposition. Il y a une connexion au médecin traitant, nous proposons à nos patients de leur communiquer leur dossier », assure le patron d'Axa. Un premier pas vers l'assurance-maladie a également été réalisé, annonce Didier Weckner. « La CNAM est intéressée par le dossier, il y a un intérêt fort. Pour l'instant il est à l'étude mais c'est motivant », précise-t-il, sans donner plus de détails.
La vidéo très demandée par les assurés
Les profils des assurés recourant à ce service sont variés (villes, déserts médicaux, appels de jour comme de nuit etc.). « La téléconsultation par téléphone est une première étape. La vidéo est très demandée par nos assurés », indique-t-il.
Pour leur part, les syndicats de médecins libéraux, en pleines négociations conventionnelles, restent campés sur leur position. « L'intérêt du patient passe par le parcours de soins avec au centre le médecin traitant. Ici c'est un accès désordonné, les médecins salariés ne connaissent ni l'histoire du patient, ni les antécédents… », réagit le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.
Toutefois, les cinq syndicats de médecins libéraux ont indiqué dans leur récente plateforme commune qu'ils souhaitaient que la future convention médicale permette la rémunération du conseil médical téléphonique et la valorisation des actes de télémédecine, mais uniquement« dans le cadre du parcours de soins », prévient le Dr Ortiz.
Le SML avait quant à lui déjà demandé mi-janvier la création de consultations téléphoniques rémunérées pour les pathologies sans risque.
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