Bien qu’aucune étude n’ait permis jusqu’à présent d’affirmer l’existence d’une augmentation de la mortalité chez les patients atteints du syndrome de fatigue chronique, il n’est par rare que le contraire soit affirmé sur différents forums ou sites internet de patients. Il est vrai que les travaux disponibles sont le plus souvent des séries de cas cliniques limitées et non contrôlées. Une revue des travaux publiés, réalisée en 2006, ne montrait pas non plus d’augmentation significative de la mortalité chez les patients inclus, mais manquait aussi de puissance statistique.
La plus vaste étude sur le sujet
Une étude de plus grande ampleur était donc nécessaire. C’est ce qui a été réalisé récemment par une équipe londonienne. Les auteurs ont exploité les données de plus de 2 000 patients répertoriés comme présentant un syndrome de fatigue chronique et ont calculé le risque de décès toutes causes, de mortalité par suicide et de mortalité par cancer au cours d’une période d’observation de 7 ans. Ce travail retient d’autant plus l’intérêt qu’il s’agit de l’étude la plus vaste sur ce sujet et que les auteurs ont cherché à obtenir la définition la plus stricte possible du syndrome de fatigue chronique dans les cas répertoriés.
Au total 17 patients sont décédés au cours du suivi. Il apparaît que la mortalité toutes causes n’est pas significativement différente de celle de la population générale (rapport de mortalité standardisé [RMS] pour l’âge et le sexe 1,14 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,65 à 1,85), non plus que la mortalité spécifique par cancer (1,39 ; 0,60 à 2,73). En revanche, 5 patients sont décédés par suicide au cours du suivi, soit près de 7 fois plus que ce qui pouvait être attendu par comparaison avec la population générale (RMS 6,85 ; IC 2,22 à 15,98).
Evaluer le risque suicidaire
Ces résultats sont toutefois à interpréter avec prudence. Les auteurs remarquent en effet que 2 décès de moins par suicide auraient enlevé toute significativité statistique aux résultats. Il n’en demeure pas moins qu’ils attirent l’attention sur la nécessité d’évaluer avec soin le risque suicidaire chez les patients atteints de syndrome de fatigue chronique. Nombre d’entre eux refusent d’être adressés à des psychiatres et, considérant que la cause de leurs symptômes est biologique, déclinent toute proposition de prise en charge psychologique.
Dr Roseline Péluchon
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