Jacques Servier (1922-2014), fondateur du laboratoire du même nom, écrivait en 2007, dans un livre au titre résonnant aujourd’hui de façon cruellement paradoxale, Le Médicament et la vie (Perrin) : « Si j’habite Paris depuis longtemps, c’est pour la seule raison que, dans notre pays, il faut constamment intriguer dans la capitale, multiplier les pas et les démarches, se débattre toujours. » « Intriguer »… Que peut signifier ce terme savamment désuet ?
L’ouverture d’une instruction judiciaire début 2011 consécutive à la révélation du scandale du Mediator nous permet d’y voir plus clair : « corruption », « prise illégale d’intérêt et recel », « participation d’un agent d’une administration publique à une entreprise précédemment contrôlée », « trafic d’influence et complicité ». Tels sont les griefs, outre la tromperie aggravée, l’escroquerie, les blessures et homicides involontaires, auxquels cette instruction a abouti. Plusieurs acteurs du monde de la santé, cadres au sein de la « maison » Servier, mais également médecins hospitaliers, experts de l’Agence française du médicament (actuelle ANSM) et personnalités politiques ont été mis en examen pour ces faits présumés. Un grand procès pénal du Mediator est espéré, dans le meilleur des cas, courant 2015.
La plupart des personnes mises en examen contestent vivement la qualification délictueuse des faits, car elles estiment généralement ne pas avoir été « influencées » par la firme en vue de protéger la commercialisation du Mediator et donc ne pas avoir été en conflit d’intérêts.
Mais certains experts, appointés par Servier, reconnaissent aujourd’hui avoir été manipulés sans avoir su discerner alors les enjeux de santé publique au-delà de la défense des intérêts privés immédiats du laboratoire dont ils étaient les instruments.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire