Le monde du football américain ne sait plus trop à quel saint se vouer. Lundi 2 juin, le « Los Angeles Times » annonçait que Dan Marino, l’un des plus grands joueurs des années 1980-1990, poursuivait en justice la Ligue nationale de football (NFL) pour avoir mis sa santé en danger. Marino devenait ainsi le plus prestigieux des sportifs à engager une procédure contre la NFL au sujet des commotions cérébrales qu’ils ont subies au cours de leur carrière.
Mais le lendemain de cette nouvelle déroutante, le footballeur retirait sa plainte. Effet des chocs à répétition sur sa capacité de discernement ? Non, répond l’intéressé, qui plaide l’erreur. Des commentateurs remarquent toutefois que le retrait de la plainte de l’ancienne star augmente ses chances d’obtenir prochainement un poste au sein de son ancienne équipe, les Miami Dolphins.
Le problème des commotions cérébrales chez les footballeurs américains est loin d’être nouveau. Au cours d’une action de groupe, plus de 4 000 sportifs ont poursuivi l’année dernière la NFL, qui a promis de leur verser un total de 765 millions de dollars (564 millions d’euros). En janvier, cet accord a été invalidé par un juge fédéral, qui trouvait le montant de la transaction insuffisant en regard des dommages subis.
Un problème qui dépasse le football américain
Le sujet est même en train de devenir politique aux États-Unis. Barack Obama en a fait le thème d’une journée entière de discussions tenues fin mai à la Maison Blanche. « Nous devons changer une culture qui dit qu’il faut tout encaisser », a déclaré le président à cette occasion.
Au-delà des frontières des États-Unis, les commotions cérébrales chez les sportifs sont aussi un sujet de préoccupation. Les rugbymen, les boxeurs, et même les footballeurs y sont exposés. En France, le Dr Jean-François Chermann a ouvert en 2011 une consultation dédiée à ce sujet à l’hôpital Léopold-Bellan, à Paris. « Actuellement, il y a suffisamment d’arguments pour montrer que la répétition des commotions cérébrales peut avoir des conséquences délétères sur le cerveau à long terme », indique ce neurologue auteur d’un livre qui tire la sonnette d’alarme (KO, le dossier qui dérange, éditions Stock, 2010).
D’après lui, il s’agit d’un véritable problème de santé publique. Les sportifs professionnels, soucieux de leurs carrières, sont souvent désireux de revenir sur le terrain immédiatement après un choc, alors que le repos est obligatoire, même en cas de commotion légère. Ils tentent parfois de dissimuler les symptômes et donnent ainsi le mauvais exemple à des milliers d’amateurs qui, les voyant agir ainsi, sont tentés de les imiter.
Adrien Renaud
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