Bientôt dix ans après l'adoption de la loi Leonetti, quelles questions se posent concrètement les infirmiers face à la question de la fin de vie? Enquête (parue dans le magazine ActuSoins) auprès de ceux à qui revient cet accompagnement, jusqu'au dernier souffle.
Henri, ancien infirmier général aux Hôpitaux de Paris, se souvient. « Dans les années 70, on ne parlait pas d'euthanasie, on était un peu seul devant un malade qui allait mourir. Quand on sentait qu'un malade souffrait, on demandait aux médecins de soulager la douleur, on savait que c'était accélérer la fin de vie. »
L'ancien infirmier estime que le contact avec le patient était plus proche. « On ne portait pas de gant pour la toilette. Et on sentait quand la peau se délitait, qu'elle ne remplissait plus son rôle de protection, qu'elle pouvait laisser passer les infections. On sentait bien que la mort était imminente », lâche-t-il.
Ce rôle d'accompagnement justement était principalement rempli par les infirmiers, « les médecins nous laissaient seuls. Une mission très- trop- lourde nous était confiée ». D'ailleurs, face à la question de la mort, Henri préfère de loin le terme d' « accompagnement ». « Le terme euthanasie est tellement employé qu'il est dévoyé », estime-t-il.
De son côté, Evelyne, infirmière à la retraite qui préfère garder l'anonymat, se souvient elle aussi :« J'ai connu une époque où l'on faisait des injections létales ». Ces « cocktails » de morphine à haute dose, qui étaient injectés aux patients très malades, ceux dont les soignants étaient sûrs qu'ils étaient arrivés en bout de course, sans amélioration possible de leur état, et sur prescription médicale.
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