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vendredi 2 février 2024

Faut-il faire en sorte que nos enfants s’entendent bien ?

Darons daronnes

Par Clara Georges

Un jour, une babysitter de mes enfants m’avait fait cette remarque étonnante, tandis que je lui parlais de mon espoir qu’une fois adultes ils s’entendent bien : « Mais pourquoi cela t’importe-t-il ? Rien n’oblige des frères et sœurs à s’entendre. Les parents ne devraient pas s’en soucier. Leurs enfants seront un jour des adultes autonomes, qui choisiront leurs relations librement – qu’ils aiment ou non fréquenter leurs frères et sœurs ne regarde qu’eux, et n’a aucune importance en vérité. »

J’en étais restée comme deux ronds de flan. Voilà une idée qui ne m’avait jamais traversé l’esprit. Vous savez, c’est un peu comme quand vous faites toujours le même trajet, machinalement, pour aller d’un endroit à l’autre, et qu’on vous fait soudain découvrir qu’il en existe un autre, auquel vous n’aviez jamais pensé.

Pourquoi me semble-t-il indispensable que mes enfants s’entendent ? Je ne parle pas de leur petite enfance – les chamailleries des fratries ne m’ont jamais trop inquiétée. Non, je parle du jour où ils seront adultes. En quoi cela me concerne-t-il ? Après tout, mes enfants ne m’appartiennent pas. Une fois autonomes, ils décideront seuls de leurs fréquentations. Mais l’idée qu’ils puissent ne pas constituer une fratrie soudée me chagrine terriblement. Alors pourquoi ?

D’abord, je pense que je ne voudrais pas qu’ils souffrent. Or les fratries qui se déchirent souffrent ostensiblement. J’en veux pour preuve mon obsession du moment, la série suédoise The Restaurant, sur Arte.tv. Une saga familiale sur plus de vingt ans, de 1945 à 1968, autour d’une fratrie qui hérite d’un restaurant. Deux frères et une sœur qui n’ont pas la même vision des choses, pas les mêmes opinions ni la même éthique. Une énième démonstration qu’être coincé dans une succession commune n’arrange pas les affaires des fratries bancales.

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