Agnès Vernet 1er février 2024
La santé sexuelle reste un champ difficile à aborder avec les patients suivis en psychiatrie. Pourtant, ils sont concernés au premier chef. Explications de la Pre Coraline Hingray, responsable médical Centre Universitaire support de Remédiation cognitive et rétablissement (CURe) Grand Est Lorraine, lors de la session dédiée à la sexualité des patients suivis en psychiatrie à l’occasion du congrès de l’Encéphale 2024[1].
Dysfonctionnements sexuels : des retentissements importants
« Abordez-vous systématiquement la sexualité avec des patients qui souffrent de troubles dépressifs ? Et avec ceux qui souffrent de troubles schizophréniques ? », s’est enquis la psychiatre. A la première question, un petit quart de la salle lève la main, un peu moins à la deuxième…
Pourtant la prévalence des dysfonctionnements sexuels est mesurée par les médecins chez 43 à 93 % des patients atteints de troubles de dépressifs, de 33 à 75 % des patients consultant pour troubles anxieux et environ 25 % des patients avec une schizophrénie d’après une revue récente de la littérature [2]. Et les dysfonctionnements sexuels ont des retentissements importants dans la vie des patients. Ils participent à la diminution de l’estime et de la confiance en soi. Ils nourrissent les problèmes relationnels et la tendance à l’isolement. Ils constituent une des premières causes de non-adhésion au traitement, donc de l’exacerbation des symptômes, et produisent une perte de la qualité de vie.
Une étude de 2020 portant sur 100 psychiatres australiens montre que moins d’un tiers de ces médecins interroge régulièrement la santé sexuelle de la majorité (plus de 80 %) de leurs patients [3]. « La différence entre ce que le médecin pense faire, estime nécessaire de faire et la réalité de ce qu’il fait révèle des difficultés et un déni très important de la part des psychiatres », remarque Coraline Hingray.
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