Publié le 23/01/2024
Dr Alain Cohen
Comme le rappelle le British Journal of Psychiatry, un contexte de vécu traumatique dans l’enfance (adverse childhood experiences) constitue un terrain bien connu dans lequel peuvent s’enraciner ensuite certaines problématiques psychiatriques comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire.
Une étude islandaise basée sur la population
Exploitant les données d’une recherche réalisée sur plus de 29 000 femmes de la population islandaise (âge moyen : 44 ans), une étude analyse chez les 534 patientes atteintes de schizophrénie ou de trouble bipolaire (soit 1,8 % de cette population) les associations entre des antécédents d’expériences négatives dans l’enfance et un dysfonctionnement psychiatrique ultérieur.
Les participantes à cette étude ont rapporté 13 types d’événements traumatiques dans l’enfance (par exemple une situation de maltraitance, d’abus sexuel, d’intimidation, de violence, ou de maladie mentale affectant un parent) et le traitement statistique des données (modèle de régression linéaire) a permis d’évaluer l’association entre ces antécédents négatifs et les troubles du fonctionnement psychique chez les patientes souffrant de graves pathologies psychiatriques.
Les auteurs observent que les femmes souffrant d’un trouble mental grave signalent en moyenne environ deux fois plus d’antécédents traumatiques dans l’enfance que les femmes témoins, et que cette relation se révèle de type dose-effet[1] (in a dose-dependent manner) : OR=1,23 [1,20-1,27] par antécédent traumatique (IC=95 %).
Chez les femmes atteintes de troubles mentaux graves, un nombre plus élevé d’antécédents traumatiques dans l’enfance est associé à une augmentation de l’intensité des symptômes dépressifs comme des troubles anxieux, y compris à un sommeil de mauvaise qualité, et ces conclusions sont identiques pour la schizophrénie et le trouble bipolaire, pris séparément.
Les auteurs estiment donc que l’approche thérapeutique de ces affections psychiatriques doit inclure « l’abord de ces antécédents infantiles pouvant interférer avec le fonctionnement psychologique », en particulier grâce à une psychothérapie centrée sur les traumatismes (trauma-focused psychotherapy).
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Relation_dose-effet
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