Manuella Binet — Édité par —
Si vous parlez anglais, vous avez peut-être déjà entendu le mot «bedlam», pour parler de «désordre», de «chaos». À l'origine, il désigne le plus ancien hôpital psychiatrique d'Europe, situé à Londres et créé en 1247 par un ordre religieux pour accueillir des gens pauvres. Devenue le Bethlem Royal Hospital (c'est son nom officiel, «Bedlam» étant le surnom que lui ont donné les Londoniens), l'institution a commencé à accueillir des personnes atteintes de maladies mentales au XVe siècle. Si «bedlam» a réussi à entrer dans la langue courante anglaise, c'est parce que son histoire est pour le moins tumultueuse.
Au XVIIIe siècle, les «détenus», comme ils étaient appelés là-bas, souvent des personnes vivant dans la précarité, dont les plus agités étaient attachés et enfermés dans des geôles humides, y recevaient des «traitements» ressemblant plus à des sévices et à de la torture qu'à des soins. D'ailleurs, l'hôpital psychiatrique n'acceptait à cette époque que les malades dont il était à peu près sûr qu'ils pouvaient supporter les soi-disant thérapies imposées, même si une partie d'entre eux n'en ressortaient pas vivants. Selon les statistiques analysées par William Black, un médecin qui a exercé à Bedlam, dans sa Dissertation on Insanity («Thèse sur la folie»), 1.200 résidents sur 6.000 sont morts lors de leur séjour à l'hôpital en trente ans (entre 1750 et 1780), soit 1 patient sur 5.
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